Vous connaissez peut-être – Joann SFAR

⌧ FICHE TECHNIQUE ⌧

Titre : Vous connaissez peut-être
Auteur : Joann SFAR
Parution : 23 Août 2017
Éditeur : Albin Michel
Pagination : 272
Prix : 18,50 €

⌧ SYNOPSIS ⌧

Au début il y a cette fille, Lili rencontrée sur Facebook. Ça commence par « vous connaissez peut-être », on clique sur la photo du profil et un jour on se retrouve chez les flics. J’ai aussi pris un chien, et j’essaie de lui apprendre à ne pas tuer mes chats. Tant que je n’aurai pas résolu le problème du chien et le mystère de la fille, je ne tournerai pas rond. Ça va durer six mois.

⌧ CHRONIQUE ⌧

J’avoue que dans ma bulle, j’ignorais encore qui était Joann Sfar – auteur de BD, illustrateur et réalisateur français – quand ce livre a atterri entre mes mains. Je traînassais dans les allées de la bibliothèque à la recherche de quelque chose de différent et en grande amie des animaux, c’est d’abord la couverture qui m’a attirée. En m’approchant, j’ai vu qu’il s’agissait du coup de cœur du moment d’un des bibliothécaires, le pitch avait l’air intéressant, dans l’air du temps, alors pourquoi pas ?

Des mois plus tard, j’ai encore du mal à définir mon ressenti. Encore dans l’ombre d’une relation amoureuse qui s’est mal terminée, Joann Sfar s’entiche d’une jeune femme que Facebook lui suggère dans son fameux encart : « Vous connaissez peut-être ». Ils font connaissance entre deux joutes verbales mais très vite, les choses prennent un drôle de tournant. Lili paraît instable, elle enchaîne les grandes déclarations d’amour aux pires insultes et menaces. Elle joue les bienfaitrices et les victimes, elle se lance dans des récits grandiloquents sur sa vie comme si elle cherchait à surcompenser l’ennui du quotidien. Elle se prête une vie de mannequin à l’entourage toxique, elle est pleine de vie, malade le lendemain, mourante le surlendemain. Elle passe du tout à rien, s’enflamme, envahit, étouffe, s’accapare,… Mais on ne peut nier une certaine intelligence puisqu’elle arrive à manipuler l’auteur, un homme instruit qui en a pourtant vu d’autres. Elle introduit des éléments réels dans ses fantasmes, on ne sait d’ailleurs trop comment, et convainc les autres de lui accorder le bénéfice du doute. Durant cette même période, Joann Sfar adopte un bull terrier et s’investit du mieux qu’il peut pour que tout se passe au mieux pour l’animal comme pour lui. Mais là aussi, tout se complique très vite. « Marvin n’est pas méchant, il aime tuer, c’est différent. »

Ce livre autobiographique nous est présenté comme basé sur ces deux éléments mais la vérité est toute autre. Honte de s’être fait prendre au piège ? Tentative de mener le lecteur en bateau comme il a pu l’être au fil des mois ? De tout ramener à lui à l’instar de Lili qui ressentait sans arrêt le besoin d’être sur le devant de la scène ? Le fait est que l’auteur passe sans arrêt du coq à l’âne. Il dit qu’il va nous parler de Lili et il enchaîne avec sa mère. Il dit qu’il va nous parler du chien et il enchaîne avec ses conquêtes d’un soir. Même sa plume est paradoxale, car Joann Sfar arrive à jongler avec des phrases philosophiques, des aphorismes percutants qui n’ont pas manqué de interpeller, et un langage volontairement familier, parfois même vulgaire. Il joue les provocateurs comme pour cacher ses sentiments réels face à tous ses déboires. Il est facile de perdre le fil d’une page à l’autre, les digressions multiples pourront en déstabiliser plus d’un, et pourtant, petit bout par petit bout, j’étais assez prise au jeu pour avoir envie d’y revenir. C’est une lecture dense et complexe, et je n’arrive toujours pas à savoir si j’ai aimé ou détesté. J’y ai trouvé quelque chose en tout cas, et c’est bien ce que l’on demande à un livre, peu importe son genre. Les réflexions de l’auteur sur la vie, les réseaux sociaux, l’amour, ses relations avec les autres, ses pensées anarchiques qui partent dans tous les sens comme s’il voulait tout dire en une fraction de seconde de peur de l’oublier d’ici la suivante, le besoin d’expier, de déballer pour mieux tourner la page,… tout cela a su trouver un écho en moi. On y voit un homme sensible, un peu vulnérable aussi sur certains points, un homme qui se livre, dans le chaos et l’autodérision. Et qui joue les machos. Cette structure aléatoire, carrément brouillonne, et ce récit centré sur l’ego de l’auteur font que malgré tout, c’est une lecture qu’il ne m’arrivera sûrement jamais de conseiller à mon entourage.

4 réflexions sur “Vous connaissez peut-être – Joann SFAR

    • Dragon Lyre dit :

      Si tu tentes l’aventure, n’hésite pas à me faire parvenir ton avis. Ce livre m’a un peu prise au dépourvu et dans ces cas-là, il est encore plus intéressant de recouper les argumentaires !

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