Ce que nous avons perdu – Gayle FORMAN

⌧ FICHE TECHNIQUE ⌧

Titre français : Ce que nous avons perdu
Titre original : I have lost my way
Auteur : Gayle FORMAN
Parution : 29 Août 2018
Éditeur : Hachette
Pagination : 314
Prix : 17 €

⌧ SYNOPSIS ⌧

Freya est une «  chanteuse née  ». En tout cas, c’est ce que son père lui a dit. Maintenant que sa voix l’a lâchée, que lui reste-t-il  ? Harun erre. Sans James. Qui lui a dit de «  dégager de sa vie, connard  ». Pas moyen de l’oublier. Mais comment se faire pardonner  ? Nathaniel débarque seul à New York. Sans son père. Finie, leur «  fraternité à deux  ».

Un pont, un pas en arrière,  une chute  : trois destins se percutent.
Ensemble, ils vont apprendre à surmonter ce qu’ils ont perdu.

4⌧ CHRONIQUE ⌧

Je découvre enfin la plume de Gayle Forman à travers ce roman et je n’ai pas regretté le voyage ! Trois jeunes gens à peine entrés dans l’âge adulte, trois parcours très différents, trois horizons bien distincts, et pourtant leurs routes vont se croiser de façon tout à fait fortuite pour se forger en un cheminement commun d’une force et d’une intimité inouïes en une journée à peine. Le postulat de départ peut donner une impression de déjà-vu mais l’univers de « Ce que nous avons perdu » se révèle unique, d’une sensibilité à fleur de peau.

Freya doit ses origines métissées éthiopiennes à son père, un musicien qui disait d’elle qu’elle était née en chantant. Profondément attachée aux siens, la vie a cependant progressivement éloigné la fillette des trois piliers qui constituaient sa famille. Aujourd’hui, elle est sur le point de percer dans le domaine de la chanson. Un grand ponte l’a prise sous son aile, l’a aidée à travailler son image, son registre, à peaufiner son style et ses compositions pour aller bien au-delà de sa petite notoriété sur YouTube. Mais au moment de boucler son premier album, Freya perd sa voix et aucun médecin ne parvient à en déterminer la cause. Freya plonge dans un cycle d’angoisse entretenant quelque part la proche échéance de ce qu’elle craint le plus : si elle ne retrouve pas ses pleines capacités, elle perdra son dernier point d’ancrage.

Nathaniel a grandi aux côtés d’un père fantasque, qui préférait rêver sa vie que d’assumer la moindre responsabilité. Très tôt, le garçon a dû prendre le relais et endosser le rôle du protecteur pour préserver leur « fraternité à deux » du monde extérieur. Un garçon qui a grandi bien trop vite, sans jamais avoir eu le temps de profiter de l’insouciance de l’enfance. Aujourd’hui, il erre dans les rues de New York, à la recherche d’une destination précise qu’il peine pourtant à révéler au lecteur.

Harun est un musulman d’origine pakistanaise. Les attentats du World Trade Center ont mis à mal ses rêves d’enfant et la situation s’est compliquée encore davantage quand il a compris qu’il était homosexuel. Au cœur d’une famille animée, ancrée dans des traditions rendant même difficiles l’acceptation d’une belle-fille blanche, il ne trouve pas le courage de faire son coming-out. Il redoute de se montrer tel qu’il est, même lorsque son premier grand amour fait irruption dans sa vie sous les traits de James. Doit-il continuer à se tapir dans l’ombre comme il s’y est si bien habitué ? Ou prendre le risque de tout perdre pour se donner une chance d’être vraiment heureux ? Emmêlé dans ses propres mensonges, Harun finit par tout gâcher entre eux et ne sait plus quoi faire de son avenir.

Les trajectoires de nos trois personnages vont se croiser à Central Park. Un moment d’inattention, une chute, une collision, un témoin. Passé le moment d’inquiétude, ils découvrent sans se l’expliquer qu’il est encore trop tôt pour se dire au revoir. Ils ne se connaissent pas. Ils ne se doivent rien. Mais ils ressentent cet appel les enjoignant à rester soudés pour trouver des réponses à leurs questions muettes et ils vont tour à tour pénétrer dans le quotidien des uns des autres.

Gayle Forman distille les détails de leurs passés respectifs et les dangers de leur point de rupture imminent avec une parcimonie particulièrement bien orchestrée. Elle dresse le portrait de trois jeunes adultes ne sachant que faire des possibilités que leur offre la vie, ni comment se débarrasser des vestiges d’un passé qui revient continuellement les hanter. Ils se retrouvent unis dans leur solitude et leurs doutes, leur appréhension d’un avenir incertain. On ne peut que s’attacher à chacun d’entre eux. La narration est elle aussi très intéressante. Gayle Forman a choisi d’employer une conjugaison au présent et saute au cœur d’un même chapitre d’un personnage à un autre, parfois juste le temps d’une phrase. Cela donne une puissance et une dynamique inédite à son histoire, et renforce l’impression que Freya, Nathaniel et Harun sont à un tournant de leur vie et éprouvent des sentiments similaires au même instant. On saute de l’un à l’autre avec aisance, on prend plaisir à les connaître, les quitter, les retrouver, les voir interagir entre eux, développer leur problématique, trouver des ébauches de réponses. Ils se débattent contre de nombreux obstacles, avec une intensité à la fois identique et différente : l’urgence n’est pas la même et l’on ressent pourtant clairement leur douleur.

Une lecture rapide et agréable, qui va au cœur des choses sans en faire de trop, qui me donne envie de me replonger directement dans un autre roman de l’autrice pour voir si cette narration particulière est sa marque de fabrique et si ses personnages sont aussi attachants que ce trio parti à l’assaut des rues de New York.

 

3 réflexions sur “Ce que nous avons perdu – Gayle FORMAN

  1. Elixir de Livres dit :

    J’adore Gayle Forman ! J’ai juste été très déçue par J’étais Là, mais je sais que beaucoup de monde ont aimés. Si tu veux lire un autre roman je te conseille Si je reste ou Les coeurs fêlés, ce sont mes deux préférés 🙂
    En tous cas je note de m’acheter celui là dès que j’en aurais l’occasion ! 😀

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