Warbreaker – Brandon SANDERSON

PRÉSENTATION DU LIVRE

« Warbreaker » (nouvelle édition)
Auteur : Brandon SANDERSON
Éditeur : Le Livre de Poche
Parution : 07 Février 2024
Pagination : 992
Prix : 12,90 €
FANTASY

Cette nouvelle édition intègre les dernières révisions de l’auteur ainsi que des illustrations inédites.

« Voici l’histoire de deux sœurs : Siri, une jeune fille rebelle envoyée par son père pour épouser le tyrannique Dieu-Roi, et Vivenna, qui va tenter de la sauver de son sort. C’est aussi l’histoire de Chanteflamme, un autre dieu qui n’aime pas son travail, celle de Vasher, un immortel qui essaie de réparer les erreurs qu’il a commises autrefois, et de Saignenuit, sa mystérieuse épée. Dans leur monde, celui qui meurt auréolé de gloire devient un dieu et vit dans le panthéon du royaume d’Hallandren. C’est un monde transformé par la magie biochromatique, la magie du Souffle. Un Souffle qu’on ne récupère définitivement que sur un individu à la fois… »

EXTRAIT

CHRONIQUE

Le Roi d’Idriss – Dedelin – et sa lignée ont été chassés du trône il y a de cela une cinquantaine d’années, trouvant malgré eux refuge dans les montagnes désolées au Nord du pays d’Hallandren. À leur place, dans la capitale de T’Telir, règnent le tyrannique Dieu-Roi et son cortège de Rappelés. Des hommes morts dans des circonstances si particulières qu’elles leur ont valu d’être ramenés à la vie, qui sont désormais adulés par le peuple et servis sur le pouce par des centaines de prêtres et de domestiques. Aujourd’hui, la guerre entre les deux factions menace à nouveau d’éclater. Contraint de respecter un ancien traité afin de gagner un temps précieux sur le conflit qui gronde à l’horizon, Dedelin envoie sa fille Siri épouser le Dieu-Roi, ce qui légitimera à jamais les droits de souveraineté de ce dernier. Un pari osé puisqu’à l’origine, ce devait être le rôle de Vivenna, l’aînée qu’il refuse de sacrifier. Quelles conséquences ce choix pourra-t-il avoir sur les relations diplomatiques déjà si tendues entre Idris et Hallandren ?

Brandon SANDERSON développe le culte des Rappelés de manière très prenante. Amnésiques, ces hommes devenus dieux ne connaissent plus rien d’eux-mêmes. On leur prête des dons de divination, mais surtout celui d’offrir leur Souffle pour sauver des âmes en peine. Un geste qu’ils ne peuvent néanmoins accorder qu’une seule et unique fois puisqu’il signifie leur mort, cette fois définitive. Chanteflamme s’en amuse d’ailleurs : des dieux mortels ? Cela ne fait-il pas d’eux de simples hommes ? Ce personnage m’a énormément amusée. Il use de sarcasmes et d’auto-dérision à tout bout de champ. Tout est bon pour tourner son engeance en ridicule, et pourtant, en grattant légèrement le vernis dont il se recouvre, on sent vite combien il est au contraire l’un des plus concernés par la déchéance de son peuple. L’un des plus sincères, des plus valeureux. J’ai passé des heures à tenter d’imaginer le rôle qu’il serait amené à jouer dans tout cela et je n’ai pas été déçue du voyage ! L’auteur m’a une fois de plus bluffée par son talent de mise en scène et la richesse de ce Cosmère qu’il développe depuis des décennies.

Les autres personnages ne sont pas en reste, qu’il s’agisse du bras-droit de Chanteflamme – surnommé Fouinard – à la fois dévoué à son maître et dépassé par son comportement si indolent, de Siri si légère et insouciante en dépit de la noirceur de l’univers, ou du Dieu-Roi que l’on apprend à connaître à travers son regard si candide. Là où Siri défiait sans arrêt son père en cueillant des fleurs de toutes les couleurs et en laissant ses cheveux, les Boucles Royales, changer de nuances au gré de ses émotions, un tabou dans leur civilisation qui prône les teintes neutres par opposition au mode de vie d’Hallandren, sa sœur Vivenna est un condensé de maîtrise de soi… et de condescendance. Elle abhorre tout ce qui a trait à Hallandren, à leur culte des Rappelés et des Tons Iridescents. Une abomination selon Idris. Et on peut le comprendre de prime abord puisque pour maintenir ses dieux en vie, T’Telir doit offrir à chacun d’entre eux le Souffle d’un enfant par semaine. Si cela ne leur coûte pas la vie, ils y perdent tout de même une part essentielle d’eux-mêmes. Quelque chose se rapprochant de l’âme. Pire encore, certains Éveilleurs se servent de ces mêmes Souffles, acquis plus ou moins légalement, pour animer des objets… ou des morts. Pourtant, malgré sa répugnance, Vivenna estime être son devoir de s’unir au Dieu-Roi comme convenu, pour le bien de son pays, et quand son père la prive de l’unique but de sa vie, elle se précipite à couvert à T’Telir sous prétexte d’y secourir sa jeune sœur. Pour ce faire, elle va s’entourer de mercenaires, qui m’ont enchantée à souffler le chaud et le froid sur Vivenna. La trame qu’ils partagent connaîtra elle aussi quelques prodigieux rebondissements ! Ajoutez à tout ce beau monde Vasher, un mystérieux hors-la-loi armé de Saignenuit, une épée ténébreuse dotée de conscience, et la magie biochromatique n’a pas fini de voler les couleurs de votre univers pour vous faire collectionner les nuits blanches ! J’ai dévoré ce roman avec gourmandise et avidité !

Brandon SANDERSON passe d’un groupe de personnages à un autre avec une aisance inouïe, peaufinant ainsi son univers et son système de magie, si original et intriguant, jusqu’à tous les unir dans un final grandiose. Il développe les tenants et aboutissants de chaque point de vue avec intelligence, on sent combien il a réfléchi à ce qu’il imaginait et écrivait. Ses personnages sont tous très attachants, tantôt empreints d’une innocence quasi enfantine comme nous le démontre la belle relation attendrissante entre Siri et Susebron, tantôt perfides et menteurs comme d’autres protagonistes. L’auteur brouille les pistes à plusieurs reprises et nous plonge au cœur de dévotions divines et de manipulations politiques sans jamais lasser le lecteur. Qui, d’Idris ou d’Hallendren, soufflera en premier sur les braises de leurs inimitiés pour les attiser ? Et surtout, qui parviendra à les éteindre avant de s’y brûler les ailes ?

Un one-shot épique, de la fantasy riche et bien pensée, une plume au taquet comme d’accoutumée. Du Brandon SANDERSON dans toute sa splendeur !

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