Lieutenant Bertillon, T1

PRÉSENTATION DE LA BANDE-DESSINÉE

« Lieutenant Bertillon »
Titre : Amotken, Tome 1
Scénario : Carine BARTH
Scénario / Dessin : Cyrille POMÈS
Couleurs : DRAC
Éditeur : Dupuis
Parution : 03 Mai 2024
Pagination : 80
Prix : 16,50 €
POLICIER

« Les forains ne sont pas à la fête. Car l’un d’entre eux, Dylan, vient de mourir dans l’incendie de sa caravane. Joshua, patriarche de la communauté, père de la victime et patron de la grande roue, ne voit toutefois pas arriver d’un bon œil le jeune et discret lieutenant Bertillon. Car chez les forains, on gère ses problèmes entre soi… Sauf que Bertillon est comme un coquillage : discret mais bien accroché. Malgré l’hostilité des forains, y compris celle de Wanda, la propre fiancée de Dylan, il va donc tenter d’éclairer les nombreuses zones d’ombre autour de la mort du jeune homme, qu’il s’agisse de secrets de famille, d’ardoises mal réglées ou du recours à d’étranges pratiques ésotériques… »

EXTRAIT

CHRONIQUE

Séduite par la mise en avant d’une communauté souvent marginalisée, j’ai sauté le pas et lu le premier tome de cette nouvelle bande-dessinée.

Incarnant la loi aux yeux des itinérants, le lieutenant Bertillon est lui-même assez réfractaire face à l’autorité puisqu’il n’hésite pas à braver sa hiérarchie pour ouvrir une enquête en pleine fête foraine, suite à l’incendie d’une caravane qui a causé la mort d’un jeune homme. Loin de lui témoigner de la reconnaissance pour ses efforts, Joshua, le père de la victime, s’applique à rebouter le policier hors de leur campement. Wanda, la fiancée, n’est guère plus chaleureuse à son égard. Si justice doit être faite, ils s’en chargeront sans intervention extérieure ! Tout est fait pour ballotter le malheureux Bertillon – idole des chèvres – d’une attraction à l’autre, au gré des témoignages de chacun et de leurs griefs interpersonnels. C’est l’heure de régler les ardoises ; un joyeux sac de nœuds se profile ainsi à l’horizon ! Bientôt, une touche de fantastique, d’ésotérisme, vient saupoudrer l’imbroglio. Un aspect assez inattendu pour ma part, mais que j’ai apprécié car joliment introduit, à travers une vision quasi mythologique des origines du clan.

Le style graphique est assez particulier. Les dessins possèdent un petit quelque chose, une patte reconnaissable, une originalité que j’apprécie toujours. Un artiste se doit d’avoir une identité visuelle et c’est le cas ici pour Cyrille POMÈS que je découvre avec cet opus. Il joue sur la posture de ses personnages, on les croirait tantôt bossus, tantôt faits de caoutchouc. J’ai trouvé ça particulièrement adapté au contexte, dans un univers qui tourne bien souvent à la « foire aux monstres », entre squelettes et Frankenstein. Le tout confère également un dynamisme unique à notre cher lieutenant qui n’en finit plus de se faire envoyer bouler, entre deux répliques cinglantes et grognements intempestifs. Les dialogues sont divertissants, prêtent à sourire en dépit des circonstances, et l’enquête policière ne va pas sans connaître quelques jolis rebondissements !

À mi-chemin entre le respect des traditions et le désir d’émancipation, tous les ingrédients étaient réunis pour élaborer une excellente recette à la sauce polar. Y compris un dénouement qui jongle avec la surprise du lecteur, tapissant sa curiosité intellectuelle d’un goût de reviens-y. Je ressors toutefois assez mitigée de cette lecture. Si j’ai pleinement adhéré au scénario bien ficelé et au style graphique, avec son ambiance vintage masquée de sépia, je me suis souvent senti malmenée par les transitions dans le récit. Beaucoup trop abruptes, elles tranchent la narration, nuisant à la fluidité de l’ensemble au point qu’on a parfois l’impression d’avoir manqué une case ou deux en tournant la page. Ce procédé a gêné mon immersion dans l’histoire qui m’était contée et je suis ainsi restée extérieure à ses enjeux dramatiques. Cela reste une lecture intéressante, mais j’aurais aimé qu’elle soit développée sur un format plus important en terme de pagination afin d’éviter de précipiter l’intrigue et donc de rester quelque part en surface des choses.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.