Veiller sur elle – Jean-Baptiste ANDREA

PRÉSENTATION DU LIVRE

« Veiller sur elle »
Auteur : Jean-Baptiste ANDREA
Éditeur : L’Iconoclaste
Parution : 17 Août 2023
Pagination : 580
Prix : 22,50 €
HISTORIQUE

« Au grand jeu du destin, Mimo a tiré les mauvaises cartes. Né pauvre, il est confié en apprentissage à un sculpteur de pierre sans envergure. Mais il a du génie entre les mains. Toutes les fées ou presque se sont penchées sur Viola Orsini. Héritière d’une famille prestigieuse, elle a passé son enfance à l’ombre d’un palais génois. Mais elle a trop d’ambition pour se résigner à la place qu’on lui assigne. Ces deux-là n’auraient jamais dû se rencontrer. Au premier regard, ils se reconnaissent et se jurent de ne jamais se quitter. Viola et Mimo ne peuvent ni vivre ensemble, ni rester longtemps loin de l’autre. Liés par une attraction indéfectible, ils traversent des années de fureur quand l’Italie bascule dans le fascisme. Mimo prend sa revanche sur le sort, mais à quoi bon la gloire s’il doit perdre Viola ? »

EXTRAIT

CHRONIQUE

Le père de Michelangelo, dit Mimo, celui qui lui a tout appris, n’est pas rentré de la Première Guerre Mondiale. Démunie, sa mère l’envoie chez un proche en Italie dans l’espoir de le protéger des affres du conflit. Sous la coupe d’un « oncle » mesquin qui ne supporte pas de voir son talent éclipsé par celui d’un enfant, un francese de surcroît, Mimo grandit dans un atelier de tailleur de pierre où son génie de sculpteur lui vaut autant d’admiration que d’ennuis. Mijotant encore et toujours dans la pauvreté, il fait la connaissance de Viola dans des circonstances pour le moins étonnantes. Viola, l’héritière de la famille Orsini au domaine si imposant et aux orangeraies sans pareilles. Les deux enfants sont empreints de paradoxes : Mimo, atteint de nanisme, avec ses œuvres dignes des plus grands, et Viola fantasque et d’une intelligence rare, en avance sur son temps, qui rêve de voler quand les hommes ne pensent qu’à la marier au plus offrant. C’est d’ailleurs leurs singularités qui en feront de si bons amis, de véritables âmes-sœurs. Nous suivons leur parcours entre Pietra d’Alba, Florence et Rome, entre les deux guerres, la montée du fascisme et la défaite de Mussolini.

J’ai moins adhéré aux chapitres se déroulant en 1986, avec un Mimo à l’article de la mort dans un monastère où il a « veillé sur elle » une bonne partie de sa vie. Elle, sa Pietà, son œuvre majeure, celle qui a marqué l’apogée de sa carrière de sculpteur et précipité quelque part sa chute. D’après les témoignages recueillis par le Vatican, il émane un pouvoir mystique de la statue. De nombreux spectateurs en ont ressenti un profond malaise. Ces passages entrecoupent le parcours de vie de Mimo avec des détails qui ne m’ont pas forcément intéressée. Heureusement, ils sont plutôt courts, mais cette agitation religieuse a un peu terni la magie de l’ouvrage pour moi, au lieu de la renforcer. On comprend toutefois mieux l’importance primordiale que cette Pietà revêt aux yeux de son créateur quand on découvre enfin les faits à l’origine de sa naissance. Ce monde si pittoresque dépeint par l’auteur s’effondre d’un coup, laissant le lecteur abasourdi entre deux lignes. Je n’ai pas vu arriver un seul instant ce retournement de situation qui m’a profondément ébranlée.

À la lecture du synopsis, je m’étais attendue à ce que l’Histoire avec un grand H soit plus présente, car si Mimo tire avantage des mouvements extrémistes en honorant commande sur commande, tout demeure finalement en second-plan, donnant l’impression que l’auteur reste en surface des choses là où les Chemises Noires ont ébranlé tout un pays et plus encore.

Cela ne m’a pas empêchée de savourer l’évolution de Mimo et Viola au fil des ans. Je me suis langui de leur duo infernal chaque fois que les circonstances – ou leurs volontés – les ont séparés, me suis réjoui à chacune de leurs retrouvailles. Dans leur éternel chassé-croisé, Mimo dresse une comparaison des plus vraies, celle de deux aimants qui s’attirent autant qu’ils se repoussent, tant leurs échanges sont intenses. Il y a beaucoup d’amour entre ces deux-là. Le récit pullule d’anecdotes, de tranches de vie qu’ils ont partagées parfois là où on s’y attend le moins. Cela confère une intensité rare à leur complicité, à ce lien unique qui transcende l’amour romantique. Cette histoire nous conte aussi leurs actes manqués, toutes ces fois où ils se sont entredéchirés, toutes ces gueules de bois qui ont traîné Mimo dans les bas-fonds de la ville, toutes ces désillusions qui ont mené Viola à rendre les armes face aux exigences de sa famille.

Dans la version audio, Léo DUSSOLLIER donne voix à Mimo. D’un timbre rond et chaleureux autant qu’il peut se révéler incisif, il apporte une délicieuse touche italienne chaque fois qu’il évoque des prénoms ou des lieux. Il introduit ainsi une indolence et un charisme typiquement méditerranéens dans le récit de Jean-Baptiste ANDREA. Les interventions de Lila TAMAZIT sont quant à elles plus sporadiques puisque son rôle se cantonne aux passages dans le monastère, en 1986.

Dans « Veiller sur elle », Jean-Baptiste Andrea nous parle d’Art, de politique et de religion, mais il réinvente surtout l’amour et l’amitié à travers Mimo et Viola. Il redéfinit les frontières qui se dressent entre les deux autant qu’il les brouille, afin de nous offrir un roman tendre et drôle souvent, déchirant parfois.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.