Calamity Jane, T1 – Adeline AVRIL

PRÉSENTATION DU LIVRE

⌧ CARACTÉRISTIQUES ⌧
Saga : Calamity Jane, Tome 1
Titre : La Fièvre
Autrice : Adeline AVRIL
Éditeur : Delcourt
Parution : 06 Octobre 2021
Pagination : 48
Prix : 11,50 €
BD – Jeunesse

« Jane prend son rôle d’aînée très au sérieux car son père est parti quelques jours en ville, la laissant en charge de ses frères et sœurs. Ils sont pauvres, livrés à eux-mêmes dans ce ranch au milieu d’une nature sauvage. La vie est dure mais ils ne sont pas malheureux : jeux, aventures, chamailleries, fous rires, tout irait pour le mieux si la petite dernière de 3 ans n’était pas tombée malade… »

CHRONIQUE

Au cœur de la Conquête de l’Ouest, Jane est seule en charge de ses deux frères et de ses deux sœurs jusqu’au retour de leur père, parti pour quelques jours en ville pour affaires. La fratrie vit dans une cabane rudimentaire au milieu de nulle part, où la viande est un luxe rare et où même les patates viennent à manquer. Pourtant, loin de se laisser abattre, les enfants s’amusent et chahutent à longueur de journée. Parfois, au détriment de Jane, qui – à onze ans – se sent submergée par le poids des responsabilités. Par leurs jeux insouciants et en l’absence d’adultes, cette tribu ressemble un peu à celle des enfants perdus de Peter Pan. J’ai beaucoup aimé l’ambiance complice et taquine de leur quotidien, ça a réveillé la gamine qui sommeille en moi !

Malheureusement, ce bel équilibre vacille quand la plus jeune de trois ans tombe malade. La fièvre grimpe de plus en plus, Jane s’inquiète et par ricochet, les autres aussi. Et cette jeune indienne qui reste immobile pendant des heures, à la lisière de leurs terres, n’aide pas à relativiser. Prenant son courage à deux mains, Jane refuse d’attendre qu’il soit trop tard pour la petite Sarah et part à pieds dans l’Ouest Sauvage afin de ramener un médecin.

D’entrée de jeu, le personnage de Jane a gagné ma sympathie en s’insurgeant contre la nonchalance de son frère cadet qui la traite avec un machisme indécrottable. Jane gère tout, du matin au soir, est fière de porter des pantalons et rêve d’aventures au grand galop depuis le décès de leur mère. Elle sait se battre et tirer, plumer des volailles et s’occuper du bétail. À son discours féministe dans une société qui se voulait encore plus patriarcale que la nôtre, je n’ai pu qu’adhérer. J’ai compati à chacune de ses mésaventures, à chaque homme qui la jugeait avec mépris et condescendance.

Le character design est adorable, accrocheur. Il sait aussi peindre la cruauté de certains. Les visages sont expressifs et le récit rythmé par diverses confrontations et jeux endiablés. J’ai autant été séduite par l’histoire qui nous est contée – inspirée de la célèbre Calamity Jane – que par l’ambiance visuelle mise en place. En pleine construction du chemin de fer, entre soldats arrogants et amérindiens divisés face à l’invasion de l’Homme Blanc, les teintes sépia de l’album renforcent l’âpreté de la vie durant la Conquête de l’Ouest et les voyages en roulotte. On sent presque la poussière crisser entre nos dents en savourant ces pages, à la fois pleines d’humour et de gravité, qui portent en elle un message dont les femmes ont encore terriblement besoin à ce jour.

Une véritable pépite qui captive en peu de pages, alors qu’au fond, le titre de ce tome est plus qu’éloquent et tourne uniquement autour de la fièvre de la petite Sarah. Pourtant, à aucun moment, je ne me suis ennuyée ou ai eu l’impression que l’autrice cherchait à meubler des blancs. Quelle belle prouesse !

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