Red Rising, T1 – Pierce BROWN

PRÉSENTATION DU LIVRE

⌧ CARACTÉRISTIQUES ⌧
Titre : Red Rising, Tome 1
Auteur : Pierce BROWN
Éditeur : Le Livre de Poche
Parution : 02 Janvier 2019
Pagination : 608
Prix : 8,90 €
★ Young Adult – Science Fiction ★

« Darrow n’est pas un héros. Tout ce qu’il souhaite, c’est vivre heureux. Mais les Ors, les dirigeants de la Société, en ont décidé autrement. Ils lui ont tout enlevé : sa raison d’être, ses certitudes, jusqu’à son reflet dans le miroir.
Darrow n’a plus d’autre choix que de devenir comme ceux qui l’écrasent. Pour mieux les détruire. Il va être accepté au légendaire Institut, y être formé avec l’élite des Ors, dans un terrain d’entraînement grandeur nature. Sauf que même ce paradis est un champ de bataille. Un champ de bataille où règnent deux règles : tuer ou être tué, dominer ou être dominé. »

EXTRAIT

CHRONIQUE

Oubliez tout rêve de démocratie ! Sur Mars, c’est l’eugénisme qui prédomine. Des mutations génétiques ont entraîné la formation d’une hiérarchie basée sur le sang et le système de couleurs qui en découle (cf schéma ci-dessous). Beaux blonds, grands, forts et intelligents, les Ors dominent tout. D’une froideur inébranlable, ils exécutent tout opposant au régime, comme ça a été le cas du père de Darrow, pendu pour ses rêves d’émancipation. Les rouges comme eux se retrouvent piégés tout en bas de la pyramide, de pauvres bougres corvéables à merci.

Darrow, seize ans, est ainsi fossoyeur dans les mines d’Hélium 3. En dépit des conditions de vie effroyables et de la faim qui le tenaille du matin au soir, l’adolescent trouve son bonheur entre sa famille, sa femme Eo et le défi personnel qu’il s’est lancé de remporter le Laurier, une récompense qui améliore grandement le quotidien du clan qui aura rempli le meilleur quota d’extraction sur un laps de temps donné. Alors que les Ors leur font miroiter la promesse de riches lendemains, une fois la terraformation achevée grâce à leurs efforts, la caste de Darrow semble davantage relever de l’esclavagisme que de la classe ouvrière.

Un innocent pas de côté. Un chant interdit. Et c’est l’univers tout entier de Darrow qui bascule.

« J’aurais pu vivre en paix. Mes ennemis m’ont jeté dans la guerre. »

Entre les mains de la Résistance et de son savant fou, noyé dans la brume des mensonges des puissants, Darrow va subir toute une série de modifications physiques et de reprogrammations mentales pour se rapprocher des Ors et infiltrer le gouvernement en vue d’une future rébellion. Au bout de ce douloureux processus, Darrow passe le Test de l’Institut et découvre la véritable nature des Ors derrière leurs airs parfaits. L’élite vit dans un monde désinhibé de batailles et de violences, où les nouvelles recrues doivent faire leurs preuves en se débarrassant des plus faibles d’entre eux. S’engagent alors de véritables Hunger Games entre les différentes maisons impliquées dans le processus de recrutement. Tuer ou être tué. Des maisons basées sur la mythologie gréco-romaine, Darrow appartenant à celle de Mars, le Dieu de la Guerre. La position de l’adolescent n’en devient encore que plus délicate : doit-il rester fidèle à ses valeurs, quitte à se trahir aux yeux de ses ennemis, ou doit-il adopter leur style de vie pour le bien du plus grand nombre, quitte à devenir à son tour un assassin au cœur de glace ?

Si j’ai adoré découvrir l’univers dépeint par Pierce Brown, basé sur l’injustice et les manipulations politiques, et si Darrow m’a beaucoup touchée dans cette première partie où il perd tout, jusqu’à sa propre image, j’ai moins adhéré à ce long épisode de Battle Royale. Les différentes stratégies sont bien pensées, les rebondissements nombreux, les jeunes Ors pétris de cette même ambition dans laquelle ils baignent depuis la naissance. Ils s’entredéchirent, dominent ou sont dominés à tour de rôle, au fil des alliances et des trahisons. J’ai trouvé cependant que le tout s’étirait sur de trop nombreuses pages. Les schémas ont tendance à se répéter et une certaine lassitude s’installe. Darrow change énormément, c’était inévitable dans de pareilles circonstances, et s’il commet des erreurs dans sa gestion de la Maison Mars, il n’en reste pas moins surhumain par rapport à ses pairs. Il domine le jeu avec une aisance sidérante, y compris dans les dernières pages de ce tome, l’élève dépassant même les maîtres. L’auteur aurait sans doute gagné à nuancer tout ceci pour éviter le complexe du grand mâle alpha, sauveur de monde. Un aspect du livre renforcé par le rôle pathétique donné aux femmes, condamnées soit à mourir soit à se faire violer à tour de bras. J’ai – je l’avoue – laissé échapper quelques roulements d’yeux. Les meilleurs éléments aiment aussi particulièrement se pisser les uns sur les autres, comme des bêtes sauvages marquant leur territoire, ou se qualifier toutes les cinq minutes de « nymphette » (surnom donné aux Roses, terriblement péjoratif et dégradant) pour se tourner en ridicule. C’est bien dommage car le postulat de départ est vraiment bien campé et intriguant. Mais au final, plus Darrow s’élève et plus on s’éloigne de lui. Son côté torturé s’efface et le rend parfois hautain, lui qui voulait justement combattre ce côté-là des Ors envers les Rouges. Par ailleurs, entre les mines, les rebelles et les Ors, les personnages secondaires sont légions et ne sont de ce fait que survolés. Impossible de s’attacher réellement à eux, ce qui a malheureusement minimisé l’impact émotionnel de certains événements.

En dépit des points négatifs relevés, c’est ce même postulat de départ qui sauve le tout à mes yeux et me donne envie de poursuivre la saga, ainsi que l’univers riche et bien pensé. La conclusion du premier tome laisse espérer un deuxième tome plus subtil. Je croise les doigts pour que le dosage de testostérone soit revu à la baisse. Je n’ai rien contre le sang et les batailles, mais ils ne doivent pas prendre le pas sur l’intrigue comme ça a été le cas durant cette interminable guerre des Maisons.

Ayant découvert ce titre en audiobook, je ne peux que saluer le talent d’acteur de Pierre-Henri Prunel qui a donné voix à Darrow. Son timbre chaud, les nerfs à fleur de peau, a fonctionné à merveille… en dehors des intonations attribuées à Pax, qui ont complètement décrédibilisé le personnage.

Un avis mitigé, certes, mais pas que… !

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