Les Hérauts de Valdemar — Mercedes Lackey

⌧ FICHE TECHNIQUE ⌧

Titre français : Les Hérauts de Valdemar
Titre original : The Heralds of Valdemar
Auteur : Mercedes LACKEY
Date de Parution : 30 Mars 2013
Éditeur : Milady
Nombre de Pages : 713
Prix : 12,90€

⌧ SYNOPSIS ⌧

À treize ans, Talia devra bientôt se marier alors qu’elle ne rêve que d’aventures et des légendaires Hérauts de Valdemar. Pourtant, elle est bien loin d’imaginer ce qui l’attend lorsqu’elle croise la route d’un Compagnon, un de ces splendides chevaux qui choisissent les Hérauts.
Car Rolan n’est pas un Compagnon ordinaire… En jetant son dévolu sur la jeune fille, il réalise son rêve mais la charge également d’une tâche bien lourde : celle de veiller sur la princesse héritière, Elspeth.
Destinée à devenir le Héraut Personnel de la reine, Talia va devoir faire face à d’innombrables dangers. Son apprentissage et son passage de l’enfance à l’âge adulte se feront au prix de nombreuses épreuves, qui pourraient bien lui briser le corps et l’esprit…

⌧ CHRONIQUE ⌧

Intégrale regroupant :

  1. Les Flèches de la Reine
  2. L’Envol de la Flèche
  3. La Chute de la Flèche
Une petite note personnelle avant d’entamer la chronique en elle-même pour saluer Magali Villeneuve et la magnifique couverture qu’elle nous propose ici. C’est le genre d’illustrations qu’on a envie d’avoir en grand format, d’encadrer et d’admirer chaque fois que l’on passe devant. Couplée à mon amour pour la fantasy et les chevaux, il n’en fallait pas plus pour m’attirer dans les prémices du cycle de Valdemar.

 Ces romans ont beau avoir été publiés en 1987-1988 aux États-Unis, on ne sent pas leur « âge ».

« Les Flèches de la Reine »

Dans ce premier livre, nous partons à la rencontre de la petite Talia, le nez plongé dans les bouquins, au grand dam de sa famille. Elle évolue au sein d’une communauté très puritaine où tout doit être carré, dans le corps comme dans l’esprit, et où les hommes possèdent de véritables harems. Dans ce coin reculé à la frontière du royaume de Valdemar, les femmes sont considérées ni plus ni moins comme des poules pondeuses et personne ne s’intéresse réellement à ce que pensent les enfants. Talia est différente des siens, elle rêve d’aventures, de rencontres, et des Hérauts : ces étranges cavaliers au service de la reine. On retrouve ici un peu les ingrédients de Harry Potter : une héroïne ayant trop tôt perdu sa mère, une famille exécrable, des rêves pleins la tête… et amenée à devenir une sorte d’Élue dans une société où elle ne trouvait pas sa place, non sans toutefois s’attirer l’inimitié d’un groupe de camarades quand elle ne le méritait pourtant pas. Je l’ai vraiment trouvée très attachante tant elle a du mal à réaliser ce qu’il lui arrive, à comprendre que certains rêves deviennent parfois réalité, envers et contre tout. Je l’ai parfois trouvée trop mature pour une gamine de cet âge, mais ayant été élevée à la dure, on peut le comprendre. Elle est comme un oisillon qui aurait choisi de sauter d’un nid infesté de vipères malgré des ailes encore trop fragiles pour la porter. Elle est timide et renfermée, elle craint de déplaire, de décevoir… de devoir rentrer chez elle dans le Nord, avec une punition pire que le mariage imposé qu’elle a refusé. Ce tome tourne donc autour des premières années de Talia au Collégium, sa scolarité, ses relations avec les autres dans un environnement qui lui est enfin favorable. J’ai beaucoup apprécié de la voir grandir au fil des pages et s’adapter petit à petit à sa nouvelle condition.

« L’Envol de la Flèche »

Après avoir suivi l’enseignement de Talia et découvert l’histoire du royaume de Valdemar et de ses sublimes Compagnons, nous retrouvons la jeune fille au seuil de l’âge adulte. Elle a maintenant dix-huit ans et s’apprête, malgré les intrigues de certains nobles de la Cour, à partir en mission de probation pour valider sa formation de Héraut et pouvoir ainsi prendre officiellement place aux côtés de la reine Selenay. Elle part sur les routes en compagnie de son mentor et bien sûr de Rolan, son Compagnon. On en découvre davantage sur son Don d’Empathie qui fait d’elle une amie comme tout le monde en voudrait : prête à faire preuve d’une totale abnégation pour le bien des autres. L’oisillon commence à battre des ailes, on suit ses premiers essais d’un œil attendri et tendu à la fois, effrayé de la voir faire une mauvaise chute le temps de pleinement maîtriser ses talents et l’avenir qui s’offre à elle. Elle laisse tout derrière elle et son chemin sera malheureusement jalonné d’épreuves, malgré son courage et sa diplomatie. Elle perd le contrôle de son Don alors qu’elle commençait à peine à s’ouvrir aux autres, à s’épanouir, à être elle-même, et les doutes reviennent en force pour mieux l’écraser. Avec son passé, il est difficile de dire qu’elle s’apitoie sur elle-même, surtout quand on apprend les tenants et aboutissants du chaos qu’elle traverse. L’auteure a parfaitement maîtrisé la chose même si certains lecteurs jugeront peut-être que cela dure trop longtemps. Son isolement devient à la fois physique et mental, et on ne peut s’empêcher d’angoisser sur ce que lui réserve l’avenir. C’est aussi pour elle le temps de s’interroger sur l’amitié et sur l’amour : où s’arrête le premier sentiment pour mieux laisser place au second ? Les Hérauts ont un mode de vie à part, même en ce domaine, et Talia portant encore en elle quelques traumatismes du formatage de son enfance, elle devra apprendre à se positionner de façon juste, pour elle comme pour les autres.

« La Chute de la Flèche »

Notre courageuse dame Héraut Personnel de la reine prend pleinement ses fonctions, et ses débuts au Conseil et parmi les Courtisans ne se font pas sans heurts. Sa petite protégée Elspeth est en pleine crise d’adolescence, tandis que de son côté, Talia se livre à une véritable partie de cache-cache avec celui qu’elle aime, cet homme avec qui elle partage un Lien pour la Vie, pourtant si rare chez les Hérauts. Les deux amoureux n’y prennent aucun plaisir. Ils manquent tous deux de confiance en eux, ne se croient jamais à la hauteur de ce qu’on attend d’eux alors qu’ils en font plus que la moyenne. Bref, c’est un peu le jeu de celui qui fuira le plus vite, avec tout le stress et la frustration que cela peut engendrer. Les choses déraperont petit à petit et un vieil ennemi refera son apparition de façon pour le moins inattendue. Les traîtres semblent être partout à la fois, se servant de leurs bonnes manières et de la politique pour mieux masquer leurs mauvaises intentions, et d’un rythme paisible, on dévalera la pente pour entrer de plein fouet dans le drame et l’action. Les derniers chapitres m’ont considérablement émue, je ne m’attendais pas vraiment à un tel renversement de situation, même si je sentais bien qu’il se tramait quelque chose dans l’ombre.

De façon générale au cours de cette lecture – J’ai trouvé dommage que les prologues des second et troisième tomes soient quasi identiques, surtout au cœur d’une même intégrale. Mais les coquilles assez nombreuses tout au long du texte m’ont bien plus agacée, la note étant donnée dès les premières pages où un joli « écureries » s’est glissé sur le plan du Collégium…

Le déroulement des événements m’avait paru jusque là trop calme. Certes, il y avait des incidents, mais rien de réellement notable ou conséquent. J’avais un peu de mal à voir où voulait réellement en venir l’auteure – à part nous conter l’histoire de la jeune femme issue de son imagination. Le cycle de Valdemar comprend une vingtaine de tomes, il paraît donc malgré tout logique que Mercedes Lackey en ait réservés un peu plus de deux pour présenter son héroïne et bien planter le décor de ce monde riche et fascinant, où la magie vient lentement se mêler aux facultés psychiques. Le premier tome de l’intégrale donne une légère impression de mini-série, où on découvre les aventures de Talia par épisodes chaque fois que l’auteure choisit de sauter quelques mois, voire même années. L’intrigue devient ensuite plus régulière, avec par moment des changements de narrateur pour nous plonger dans le point de vue de plusieurs personnages sur un même fait. Cette technique dynamise l’ensemble tout en nous permettant de mieux cerner les gens impliqués.

En conclusion, je dirais que cette lecture a vraiment été très agréable et Talia et ses amis, des personnages plaisant à suivre, auxquels on ne peut que s’attacher. Avec un tel dénouement, j’ai clairement hâte de découvrir le reste du cycle, pour voir à la fois ce qui adviendra de chacun et pour en apprendre encore plus sur l’Histoire de ce monde, et sur le lien et la nature véritable de ces mystérieux chevaux que sont les Compagnons. Talia est une héroïne humaine, proche de nous de par ses doutes et ses faiblesses, quand une telle position donnée si tôt dans la vie aurait facilement pu corrompre sa façon d’être. 

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.