Wave — Sonali Deraniyagala

⌧ FICHE TECHNIQUE ⌧

● Titre : Wave
Auteur : Sonali DERANIYAGALA
Date de Parution : 1er Septembre 2014
Éditeur : Kero
Nombre de Pages : 278
Prix : 17 €

⌧ SYNOPSIS ⌧

1ère sélection Prix Médicis étranger 2014
Le matin du 26 décembre 2004, un tsunami frappe l’Océan indien. Sonali Deraniyagala, en vacances au Sri Lanka, son pays natal, en réchappe miraculeusement. Mais, de sa famille, elle est la seule. La vague lui a pris ses parents, son mari et ses deux petits garçons. « Wave » raconte l’histoire de ce jour, où elle a tout perdu, et de tous ceux qui ont suivi. Les mois, les années lorsque l’insupportable déchirement du souvenir succède aux premiers moments d’horreur. La matière de ce livre, c’est la peine impalpable, indescriptible de la narratrice. Sonali Deraniyagala réussit un récit poétique, sans concession et incroyablement digne sur comment survivre à l’inimaginable.

⌧ CHRONIQUE ⌧

Avancer pour ne pas sombrer, se reconstruire pour ne pas s’autodétruire

Il est impensable de se mettre à la place de Sonali Deraniyagala. La loi des statistiques et le hasard n’ont jamais été aussi cruels qu’avec cette femme qui a tout perdu alors qu’elle passait les vacances de Noël dans son pays d’origine. Une vague et tout est fini : elle a perdu parents, époux et enfants sans même comprendre précisément ce qui se passait. Le début de ce témoignage prend aux tripes. Ils n’ont rien vu venir et ont eu si peu de temps pour se mettre à l’abri… Cela permet à tout un chacun d’effleurer l’ampleur du drame vécu par toutes ces familles touchées par le tsunami de 2004.

Quand l’heure est au bilan, Sonali semble se couper du monde. Elle érige une barrière entre elle et les autres, elle s’empêche toute pensée, tout espoir… On la voit traverser les différentes phases du deuil : la colère, le désespoir, la culpabilité,… Elle n’entre jamais dans le déni, mais la violence de certaines de ses réactions est réelle comme lorsqu’elle n’a plus le goût de vivre ou qu’elle s’acharne sur les étrangers emménageant dans la demeure familiale au Sri Lanka. On en vient à craindre qu’elle ne sombre dans la folie.

D’un point de vue littéraire, le fil du texte est assez décousu. On passe du Sri Lanka à l’Angleterre d’un chapitre à l’autre, et on saute des années d’une page à la suivante. L’ensemble peut également paraître assez répétitif, mais nous montre en douceur comment Sonali parvient à baisser les armes sans être submergée. Elle s’autorise de plus en plus à se souvenir, à se rouvrir au monde. Le cheminement ne se fait bien sûr pas sans heurt ni rechutes, mais sa volonté reste là. Inébranlable. Face à cet indicible drame, elle tient bon et continue d’avancer.

Je m’attendais cependant à plus d’émotions au cours de cette lecture, justement parce qu’il s’agit d’un témoignage et non d’une fiction. On ne peut pas se réfugier derrière l’argument : « ça n’est pas vraiment arrivé, pas besoin de s’en émouvoir ». Cela ne m’a pas laissée insensible, soyons clairs, mais l’auteur met un barrage dans son texte similaire à celui qu’elle a mis entre elle et le désastre. Elle évoque le tsunami, la mort, les tranches de vie qui lui reviennent en mémoire au fil des ans avec un certain détachement, et je pense que cela relevait d’un besoin vital pour elle. Mettre de la distance pour ne pas sombrer à tout jamais.

C’est une belle leçon de courage et d’humilité. Sonali nous rappelle que nous sommes bien peu de choses sur Terre, et que pourtant, chacune de ces petites choses vaut la peine d’être chérie jusqu’à plus soif. J’espère en toute sincérité qu’elle parviendra un jour à pleinement surmonter ce terrible deuil qui l’a aveuglément frappée…

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