Qui je suis – Mindy MEJIA

⌧ FICHE TECHNIQUE ⌧

Titre français : Qui je suis
Titre original : Everything you want me to be
Auteur : Mindy MEJIA
Parution : 21 Mars 2018
Éditeur : Fayard – Mazarine
Pagination : 400
Prix : 22 €

⌧ SYNOPSIS ⌧

Hattie Hoffman a passé sa vie à jouer de nombreux rôles : la bonne élève, la bonne fille, la bonne petite amie. Mais Hattie rêve d’autre chose, quelque chose de plus intense… et qui se révèle extrêmement périlleux. Lorsqu’on découvre son corps sauvagement poignardé, une redoutable onde de choc traverse la ville de Pine Valley. Très vite, il apparaît que Hattie entretenait une relation secrète, hautement compromettante et potentiellement explosive. Quelqu’un d’autre était-il au courant ? Et dans ce cas, jusqu’où cette personne était-elle prête à aller pour mettre fin à cette relation ?

⌧ CHRONIQUE ⌧

Intrigue ∎∎∎∎ Rythme ∎∎∎∎ Créativité ∎∎∎∎∎
Écriture ∎∎∎∎∎ Personnages ∎∎∎∎ Sentiments ∎∎∎∎

Hattie vit dans une petite ville tranquille, entourée d’une famille aimante et de sa meilleure amie. Belle, intelligente et pleine de ressources, elle est sur le point de finir le lycée et bien décidée à partir à l’assaut de New York pour mettre à profit son talent inné pour le théâtre. Et pourtant, bien qu’on ne sache pas encore ce qu’elle fuit, on la retrouve perdue en bord de route, tellement désemparée et à fleur de peau qu’on a instinctivement envie de lui venir en aide. Puis on tourne la page, chapitre deux, quelques mois plus tard… Hattie est morte, abandonnée dans une vieille grange, poignardée.

Mindy Mejia nous livre un récit à trois voix. Elle revient un an arrière pour nous permettre de faire la connaissance d’Hattie de son vivant, nous exposer ses rêves, ses motivations, ses relations aux autres, pour découvrir son don sur scène qui la rendait si unique. On découvre une jeune fille brillante, vive et impatiente de s’ouvrir au monde, loin de son petit coin d’Amérique où il ne se passe jamais rien. Il y a aussi Peter, ce jeune professeur à peine diplômé, marié et heureux en couple jusqu’à ce que sa belle-mère tombe malade et contraigne les tourtereaux à s’exiler à la campagne pour assurer ses soins médicaux. Des soins qui pèsent de plus en plus lourd sur leur quotidien et les éloignent inexorablement. Et enfin, la troisième axe de ce récit, ancré dans le présent : le shérif Dell Goodman – archétype du flic bourru en route vers la retraite et proche de la famille de la victime – prend en charge l’enquête sur le meurtre d’Hattie et nous en livre la progression.

Côté thriller, l’action reste limitée. Le champ des suspects se réduit rapidement à deux-trois personnes et on retrouve les éléments habituels d’un crime passionnel. L’intrigue est donc assez prévisible mais a le mérite de respecter les codes du genre. Ce roman possède toutefois un petit quelque chose qui le rend intéressant à parcourir et champ réduit ou non, Mindy Mejia parvient à semer l’ombre d’un doute sur l’identité du coupable. Elle n’hésite pas non plus à salir son héroïne, ce qui ne la rend pas méprisable mais plus humaine et plus vulnérable, et donc plus proche du lecteur. Hattie n’était pas aussi parfaite que ce qu’elle laissait paraître. C’était une jeune fille passionnée qui manquait encore d’expérience dans la vie, qui a fait un choix malheureux tout en en ayant conscience mais n’a pas eu la sagesse de faire marche-arrière quand la situation s’est compliquée pour les deux partis concernés, une jeune fille qui en a payé le prix fort. Je l’ai trouvée fascinante, délicieusement ambivalente. J’ai parfois eu envie de la secouer, de lui dire de réfléchir aux conséquences que finiront par avoir ses actes, que l’amour rend aveugle, un peu bête aussi, et que ses petits jeux de manipulation pour obtenir le beurre et l’argent du beurre allaient finir par blesser du monde autour d’elle. Mais je n’arrivais pas à la détester pour autant. Ce n’était qu’une jeune adulte qui se cherchait encore et se posait mille questions sur elle-même, sur l’amour et sur la vie. Elle n’est pas blanche comme neige mais ne méritait pas ce qui lui est arrivé. C’était dur de découvrir toutes ses facettes sachant que chaque page tournée me rapprochait de la fin. De sa fin.

« Qui je suis » n’est pas le thriller haletant du siècle, soyons honnêtes, mais la façon dont Mindy Mejia développe ses personnages principaux autour d’un drame commun lui donne une identité propre. Elle fait voler en éclats toute idée de manichéisme et dévoile la complexité des sentiments amoureux, la dualité qui loge en chacun de nous, ainsi que la difficulté à trouver sa place dans le monde. Il n’y a ni vainqueur ni vaincu, ni coupable ni innocent. Que des gens comme vous et moi, endossant successivement chacun de ces rôles. Des amours partagées et divisées qui vont mettre le feu aux poudres et pousser les protagonistes jusqu’à la plus extrême des limites où la raison s’efface et où le pas est franchi jusqu’à l’irréparable. Une succession de décisions malheureuses qui nous prouvent une fois encore que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Un incroyable gâchis.

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