The Magpie Society, T1 – SUGG & McCULLOCH

PRÉSENTATION DU LIVRE

⌧ CARACTÉRISTIQUES ⌧
● Titre : The Magpie Society, tome 1
● Autrice : Amy McCULLOCH
● Coautrice : Zoe SUGG
● Éditeur : La Martinière Jeunesse
● Parution : 29 Octobre 2020
● Pagination : 384
● Prix : 16,90 €
★ Young Adult ★

« La vie à Illumen Hall, prestigieux pensionnat anglais, a toujours été rythmée par le travail et les traditions. Mais depuis qu’on a retrouvé le corps sans vie de Lola avec une pie tatouée dans le dos, le vernis se craquelle. Audrey, fraîchement arrivée des États-Unis pour tourner une page et bâtir son avenir, aurait préféré tout ignorer de cette histoire ! Ivy, elle, voudrait juste faire le deuil de son amie Lola et se concentrer sur ses cours. Pourtant, quand un mystérieux podcast diffusé sur le campus promet de faire la lumière sur la mort de Lola, Audrey et Ivy vont devoir se confronter au drame. Et enquêter ensemble, malgré leurs différences, sur le Cercle des Pies, une société secrète dont on susurre qu’elle œuvrerait à Illumen Hall depuis des décennies… »

EXTRAIT

CHRONIQUE

Audrey est issue d’une famille riche. Elle est belle, adepte des tenues branchées avec vernis assorti et sa vie semble entièrement dépendre de son iPhone dernière génération. Fuyant un drame à propos duquel elle reste très secrète, elle est à la fois soulagée de quitter les États-Unis pour tout recommencer à zéro et déprimée de se voir imposer une vie scolaire en internat dans un pensionnat anglais plutôt sinistre. D’autant plus quand elle apprend la mort d’une élève, Lola, au début de l’été. Arrivée dans sa chambre, l’ambiance n’est pas plus chaleureuse : Ivy, sa colocataire, met un point d’honneur à l’ignorer. Elle qui rêvait de ce privilège durement acquis d’avoir sa propre chambre, elle l’a vu révoqué à l’arrivée d’Audrey. Ivy est quant à elle issue d’un milieu très modeste et ne doit sa scolarité dans un établissement aussi prestigieux qu’à une bourse d’étude. Autant dire qu’elle est à l’opposé de tout ce que peut représenter Audrey. Condescendante, voire même méprisante envers cette dernière, elle est bien décidée à ne pas se laisser amadouer. Lors de la cérémonie de la rentrée scolaire, un étrange tract atterrit entre toutes les mains, invitant les élèves d’Illumen Hall à écouter un podcast en ligne. Son auteur affirme mordicus que la mort de Lola n’a rien d’accidentelle et relève encore moins d’un suicide, et entend découvrir et partager le fin mot de l’histoire, contrairement à la police qu’il trouve laxiste. S’ensuit une chasse aux sorcières pour trouver son identité au sein de centaines d’adolescents incapables de faire leur deuil.

Le pitch est sympathique à défaut de présenter une quelconque originalité. La superbe couverture finit de me convaincre de tenter l’aventure. Malheureusement, le succès n’a pour moi pas été au rendez-vous. D’habitude, j’aime beaucoup les narrations à deux voix. Cela donne une vue d’ensemble sur une situation donnée et du peps à l’intrigue. Ici, rien ne permet réellement de distinguer la voix d’Audrey de celle d’Ivy, stylistiquement parlant. L’écriture est quasi identique, correcte certes, mais un peu plate également. Les autrices restent en surface de leurs personnages, s’attardant davantage sur des détails insignifiants comme le modèle d’un smartphone ou l’illustration d’une coque que sur la personnalité de leurs héroïnes. Elles en sont réduites à des stéréotypes : d’un côté l’américaine cool et riche, accro aux réseaux sociaux et aux amitiés ; de l’autre l’anglaise coincée, asociale et bonne élève, qui potasse jusqu’à l’épuisement pour prouver qu’elle a sa place en dépit de sa pauvreté. Leurs passés respectifs sont eux aussi survolés, se résumant à un ou deux faits trop brièvement évoqués.

Les dialogues manquent parfois de naturel, et certaines déductions semblent sorties de nulle part. Elles sont claires dans l’esprit des autrices et des lecteurs, mais ne devraient pas l’être dans celui des protagonistes, et pourtant… Audrey et Ivy, qui étaient à des années-lumière l’une de l’autre, deviennent meilleures amies pour la vie en trente secondes chrono autour d’un événement qui aurait dû ajouter à leur malaise. Sans parler non d’un mais de plusieurs triangles amoureux, ainsi que de la réaction d’un professeur acculé qui se laisse mener par le bout du nez en deux coups de cuillères à pot par l’une de ses élèves… Bien que cet arc de l’intrigue possédait un beau potentiel, cela manquait de crédibilité. Le côté enquête ne m’a pas non plus convaincue. L’identité du podcasteur est révélée de façon très maladroite et l’on peine à véritablement cerner ses motivations. La mythologie victorienne autour des pies avait titillé ma curiosité, mais au final, elle aussi est à peine effleurée.

On sent les efforts des deux autrices pour monter un univers qui tient la route. Malheureusement, cela se fait aux dépens des personnages et du rythme. Leurs plumes manquent encore de maturité. Il y a de prime abord un joli vernis au-dessus de cette histoire, mais quand on gratte un tant soit peu, on se retrouve presque sans rien. L’intrigue paraît creuse, elle est très lente à se mettre en place. On a la sensation que les autrices étirent leur sauce pour faire tenir leurs idées sur un tome complet et ainsi pouvoir meubler les deux suivants, puisqu’il s’agit là d’une trilogie. Elles auraient probablement beaucoup gagné à condenser leur histoire sur un volume moins conséquent pour gagner en dynamisme. Si le début m’avait plu et les références à Harry Potter amusée, la lecture est vite devenue laborieuse. Et chose plutôt rare me concernant : je ne lirai pas la suite. Je n’ai su m’attacher ni à Audrey ni à Ivy, et l’enquête est menée de façon trop maladroite pour me donner envie de poursuivre.