Les tartines sont meilleures quand on les partage à deux

PRÉSENTATION DU LIVRE

⌧ CARACTÉRISTIQUES ⌧
Titre : Les tartines sont meilleures quand on les partage à deux
Autrice : Emily BLAINE
Éditeur : Harlequin – Collection &H
Parution : 18 Mai 2022
Pagination : 324
Prix : 16,90 €
★ Romance – New Adult ★

« Tristan est photographe, Emma est médecin. Depuis leur rencontre lors d’un mariage, Tristan est convaincu qu’elle est la femme de sa vie. D’ailleurs, le destin semble d’accord avec lui : il ne cesse de mettre Emma sur sa route. Mais toujours le timing et les aléas de la vie les empêchent d’être ensemble. Alors, Tristan attend. Et Tristan y croit, pour eux deux. Mais après huit ans de relation en pointillés, de fuites d’Emma et de rupture sans explication, ne serait-ce pas le moment d’avancer pour de bon ? Oui, il va tenter sa chance une dernière fois : soit il tournera définitivement la page de cette histoire… soit il retrouvera enfin celle qu’il aime. »

EXTRAIT

CHRONIQUE.

Tristan a le vent en poupe. À la veille d’une rétrospective sur sa carrière de photographe, il peine néanmoins à sélectionner des clichés censés le définir, lui personnellement plutôt que sa vocation d’artiste. Tout ceci à la demande de sa galeriste de Paris. À son grand soulagement, Tristan croise une amie en prenant un café à la sortie de ce rendez-vous professionnel. Mariée à son cousin Bastien, Hélène le connaît depuis des années et non seulement elle va l’aider à se décider, mais elle va aussi secouer cette bulle dans laquelle il s’est enfermé depuis la fin de ses relations tumultueuses avec l’indomptable Emma.

J’ai trouvé très intéressant de lire une romance d’un point de vue masculin, mais ai déploré qu’au final, on retombe toujours sur le même genre de clichés. À savoir, un protagoniste pas vraiment conscient de son charme, de l’effet incroyable qu’il produit sur le sexe opposé. Toutes soupirent sur son passage, gloussent, sourient non-stop, rougissent… Le mythe du beau-gosse de service dans toute sa splendeur, avec son regard vaguement torturé pour lui conférer un air mystérieux qui ne se justifie pas vraiment au vu de son vécu. Les seuls « drames » que Tristan a connus dans son existence – telle qu’elle nous l’est contée – étant d’avoir entamé son parcours professionnel par un petit boulot de caissier, et jeté son dévolu sur Emma au cours du mariage de Bastien et Hélène. Sans parler des injonctions incessantes émanant de l’entourage pour que chaque célibataire se case au plus vite…

J’ai tout fait pour passer outre ces stéréotypes vieux comme le monde, mais sa romance avec Emma ne s’est pas vraiment révélée plus attirante. Leurs rendez-vous manqués n’ont à mes yeux jamais résulté d’un mauvais timing ou d’aléas de la vie, comme nous le promet le synopsis. Pendant huit longues années, ils se sont empêtrés dans une relation toxique où Tristan annonçait d’entrée de jeu à Emma qu’il souhaitait prendre le reste de ses petits-déjeuners avec elle, grillant au passage toutes les étapes d’un amour constructif et respectueux de l’autre. À la place d’Emma, je me serais enfuie fissa moi aussi ! Puis, chaque fois que la vie ramène Emma sur le chemin de Tristan, il poursuit sur la même lignée. Il veut tout, tout de suite, ne tirant jamais de leçon de ses erreurs passées et s’étonnant ensuite de toujours obtenir un résultat identique. Quant à Emma, elle apparaît comme particulièrement immature en dépit de ses études en médecine. Incapable de verbaliser ses ressentis, elle se contente de plaquer des hommes devant l’autel ou de les ghoster du jour au lendemain. Je les ai tous deux trouvés plats et agaçants. Il est plutôt facile d’accuser le destin quand on ne prend jamais la peine de communiquer. Entre celui qui cherche à imposer sa vision des choses et celle qui louvoie comme une anguille, cela ne pouvait évidemment pas marcher. J’avais envie de leur mettre des claques, puis de les asseoir à une même table et menacer de les y ligoter s’ils ne daignaient pas enfin parler à cœur ouvert de leurs peurs et de leurs attentes respectives !

J’ai aussi été refroidie par un énorme faux raccord. Ayant lu ce roman sous sa forme numérique, j’ignore si c’est un problème technique causé par la conversion en .epub ou si le couac apparaît également dans la version papier, mais vers la fin, Tristan et Emma sont derrière le comptoir de la cuisine où elle prépare une salade, et la ligne suivante, Tristan a les mains mousseuses et l’eau dévale dans le dos d’Emma. Ils se sont téléportés dans la douche !

La plume d’Emily Blaine n’en reste pas moins agréable à parcourir. J’ai même trouvé le format de cette romance intéressant. Déjà, de par le point de vue masculin mis en avant, comme mentionné ci-dessus, mais aussi par cette façon qu’a l’autrice de diviser la majorité des chapitres en deux parties. La première au présent, focalisée sur les deux journées pendant lesquelles nous suivons le quotidien de Tristan jusqu’au vernissage de son exposition. La seconde nous offrant un flashback des points-clés de sa relation houleuse avec Emma, comme autant de « je t’aime, moi non plus ». Ces retours dans le passé ne se font pas forcément dans l’ordre chronologique, mais une frise verticale aide le lecteur à se situer dans le temps. Agrémentée de petits pictogrammes et de dates, chaque entrée se voit enrichie d’une courte phrase une fois narré l’événement concerné. J’ai trouvé ça original, pertinent et sympathique !

Si la forme de ce récit a su m’interpeler de manière positive, le fond présentait malheureusement – quant à lui – plusieurs des points noirs qui me font hésiter à me lancer dans de nouvelles romances. J’ai toutefois connu quelques (rares) bons moments en compagnie de Tristan et Emma, comme lors de leur toute première rencontre. Leurs échanges empreints d’humour et de provocations réciproques étaient truculents à souhait !

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