Les Trônes Trahis – Nesrine AMMARI

PRÉSENTATION DU LIVRE

⌧ CARACTÉRISTIQUES ⌧
● Titre : Les Trônes Trahis
● Autrice : Nesrine AMMARI
● Éditeur : Hugo – Stardust
● Parution : 04 Octobre 2023
● Pagination : 450
● Prix : 24 €
★ Young Adult / Fantasy ★

« Le royaume de Cidia est en plein déclin depuis le meurtre du couple royal. La magie s’affaiblit, les terres s’assèchent et la colère gronde au sein du peuple. La princesse Phoebe Alcyon est l’unique espoir pour sa nation. Elle décide alors d’infiltrer le royaume de Khilan, dirigé par le jeune roi Emrys, héritier et commanditaire du meurtre de ses parents. Armée de son puissant pouvoir – tuer qui elle le souhaite d’un simple baiser – elle va pouvoir exercer sa vengeance. Sous une fausse identité, la jeune fille se fraye une place à la cour, et rapidement dans les confidences de l’arrogant souverain.
Mais bientôt, entre bals fastueux et jeux de séduction, la carapace d’Emrys se fissure, laissant entrevoir ses peurs et ses fêlures. Phoebe commence à comprendre le lourd fardeau que porte son ennemi juré. Alors que Cidia et Khilan sont au bord d’une guerre, la cour devient un véritable échiquier, et le monarque va devoir apprendre à user de ses atouts. Prise entre sa colère et sa soif de justice, Phoebe devra prendre la bonne décision pour sauver son royaume. Car les ténèbres qui se profilent à l’horizon pourraient bien tout emporter sur leur passage… »

EXTRAIT

CHRONIQUE

Aux abois depuis l’assassinat de ses parents et la séparation d’avec sa sœur qui a hérité de la couronne, Phoebe Alcyon arrive à la cour des Hartless, lignée du monarque qui lui a tout pris. Sous une fausse identité, armée de son seul don magique qui tue tout ceux qu’elle embrasse, Phoebe a pour but de renverser le royaume voisin ennemi afin de restituer la force du sien, menacé à la fois par un coup d’État et par le déclin de la magie. Le roi Emrys est vite intrigué par ce nouveau visage, soi-disant issu d’une famille noble déchue, qui éprouve d’emblée quelques difficultés à se plier à la rigidité des coutumes en place. Sous les traits de Callie, Phoebe incarne un vent de fraîcheur et d’authenticité qui lui faisait jusqu’ici défaut. Un intérêt à double tranchant, puisque, en Khilan, la magie est proscrite et ceux qui en disposent condamnés au bûcher. Il suffirait donc de peu de choses pour que la prédatrice devienne la proie.

J’ai trouvé le début du roman très classique. Peut-être même un peu trop. Les codes du genre sont parfaitement maîtrisés, mais en exploitant une arrivée à la cour et l’ouverture de la saison des bals, Nesrine Ammari peine dans un premier temps à se trouver un identité propre, loin de la vague Keleana, notamment. Pourtant, sa plume riche et posée et les bases bien pensées de sa géopolitique nous encouragent à poursuivre la lecture et l’univers prend ainsi progressivement son essor. Le système de magie est simple, mais efficace, la mythologie introduite par petites touches, ce qui en fait un ouvrage young adult parfaitement adapté à son public cible.

Le gros point fort de ce one-shot réside sans conteste dans le traitement de ses personnages. Tous possèdent une part d’ombre et de lumière. Loin de tout manichéisme, Nesrine Ammari nuance son propos et brouille les pistes ce-faisant. Si je me doutais de l’identité du grand antagoniste, sa manière de distiller indices et contre-indices m’a embrouillée et je n’étais vite plus sûre de rien. Phoebe et Emrys sont tout à fait crédibles dans leur rôle de jeune adulte sur qui reposent de trop grandes responsabilités. Ils se débattent entre les fils de leur destinée dans l’espoir de s’affranchir de leurs pires obligations, sans toutefois vouloir tourner le dos à leur nation en péril. Au fur et à mesure qu’ils se côtoient, leurs certitudes vacillent, ainsi que la vision qu’ils avaient de leur monde et de leurs ennemis. Emplis de craintes et de dilemmes à l’idée de franchir le point de non-retour, ils hésitent, tergiversent, se perdent en chemin. J’ai apprécié cet aspect de leur construction ; malgré leur place d’héritiers, ils ne sont pas tout puissants. Vulnérables et isolés dans ce rôle qui leur incombe, ils font de leur mieux pour accomplir leurs devoirs, quoi qu’il leur en coûte.

Si la première moitié du roman flirtait de près avec des éléments d’intrigue on ne peut plus conventionnels, Nesrine Ammari a su par la suite tirer son épingle du jeu. Sa plongée dans le passé des deux royaumes permet d’enrichir grandement la complexité de sa trame et ses implications dans le présent. Magie et complots politiques s’entremêlent au point de tisser une toile inextricable autour des protagonistes jusqu’à un final très cinématique, où les combats sont orchestrés avec brio entre les différentes factions. En dépit de ce contexte sombre, la morale de l’histoire est vraiment très belle, lumineuse même, et la romance sert la trame sans jamais l’envahir. Un très bel équilibre pour un premier roman que j’ai bien apprécié !