Enfernité, T1 — Brodi Ashton

⌧ FICHE TECHNIQUE ⌧

● Titre français : Enfernité – Tome 1
Titre original : Everneath
Auteur : Brodi ASHTON
Date de Parution : 04 Avril 2012
Éditeur : Milan – Macadam
Nombre de Pages : 374
Prix : 15,20 €

⌧ SYNOPSIS ⌧

Enfernité… un monde parallèle dont les habitants, les Enfernautes, se nourrissent du désespoir des humains. Un monde où Nikki a vécu et qui l’a vidée de ses émotions.
Maintenant Nikki a six mois devant elle. Six mois pour choisir entre une vie mortelle, sur Terre, auprès de Jack, et l’immortalité en Enfernité aux côtés du sombre et ténébreux Cole. Un choix pas si évident que ça…

⌧ CHRONIQUE ⌧

Pour une raison inconnue du lecteur au début du roman, Nikki a choisi de devenir la Transfuge d’un Enfernaute nommé Cole. Cela implique de passer un siècle sous terre dans un état de stase, dans le royaume de l’Enfernité, à mi-chemin entre le monde des morts et celui des vivants. Ainsi, pendant les cent années pendant lesquelles a duré le Festin, la jeune fille s’est fait vider de toutes ses émotions et de tous ses souvenirs pour perdurer l’immortalité de Cole. Pourtant, à la fin de cette pratique que l’on ne peut que percevoir comme une abominable torture, elle se rappelle d’un visage et fait le choix de rentrer chez elle. Les Ombres lui accordent six mois, comme il est d’usage, et lui promettent un sort terrible au bout de l’échéance.

La plume de l’auteure reste simple pour mieux mettre en valeur ses personnages et leurs ressentis. J’ai beaucoup apprécié la façon dont elle a jonglé entre le moment présent et les flashbacks permettant petit à petit de comprendre ce qui a amené Nikki à devenir une Transfuge. Car, pour moi, avant même de me demander « comment va-t-elle s’en sortir pour ne pas finir dans les Tunnels ? », c’est bel et bien la question du « comment a-t-elle pu accepter une telle chose ? » qui me titillait le plus. Et cette dynamique où l’intrigue saute d’une narration au présent (pour dépeindre l’état dans lequel se trouve Nikki après son Retour à la surface) à une narration au passé (pour raconter les mois qui ont précédé le Festin) a vraiment su me tenir en haleine et me pousser à tourner les pages plus vite.

Même sans le changement de temps de conjugaison, Brodi Ashton serait parfaitement parvenue à faire passer la différence entre la Nikki d’avant et celle d’après le Festin. La Nikki actuelle paraît vide de toute émotion, usée jusqu’à la corde, perdue, seule et vulnérable. Elle voulait une seconde chance pour faire les choses comme il faut, mais est vite dépassée par l’ampleur de la tâche et ce qui l’attend au bout de ces six mois sur terre. J’ai d’ailleurs trouvé judicieux le petit compte à rebours au début de chaque chapitre, d’autant plus qu’on peut voir l’évolution de la jeune fille au fur et à mesure qu’elle recouvre ses forces dans le monde qui est le sien. Le lecteur ne peut ainsi pas se perdre dans la trame et a l’impression de voir lui aussi le sablier s’écouler. On ressent de plus en plus d’angoisse et de compassion pour Nikki : elle était si dynamique et pleine de vie… Que s’est-il passé ? On sent bien que cela ne peut pas être qu’une simple peine de cœur, sa décision était trop lourde de conséquences pour qu’elle se jette dessus sur ce genre d’impulsions.

Bien que Brodi Ashton ait commencé à lancer quelques pistes sur des liens possibles entre le mythe d’Isis & Osiris, et ceux de Perséphone et d’Orphée & Eurydice, cet étrange mélange de deux cultures singulièrement différentes me laisse encore un peu perplexe, mais clairement pas au point de me dissuader de lire la suite.

Certains lecteurs trouveront peut-être que l’intrigue manque un peu d’action, mais personnellement, cela ne m’a pas gênée. Les introspections de Nikki permettent justement de mieux se mettre à sa place, et une héroïne à laquelle on s’identifie facilement est forcément un personnage auquel on s’attache et s’intéresse. On retrouve également dans ce roman un grand ingrédient de la littérature « young adult » : le triangle amoureux. Un ingrédient dont je me méfie dernièrement car il a tendance à stéréotyper les réactions des personnes concernées, mais qui m’a ici bien plu malgré mes difficultés à cerner Cole pour le moment. Et j’ai sincèrement été émue par le final.

Quand on parle mythologie, je suis toujours au rendez-vous, qu’il s’agisse d’écrits « classiques » ou de réécritures. « Enfernité » était donc destiné à finir entre mes mains et je ne regrette vraiment pas mon choix !

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