À Pas de Chat — Helen Brown

⌧ FICHE TECHNIQUE ⌧

Titre français : À Pas de Chat
Titre original : Cats and Daughters
Auteur : Helen BROWN
Date de Parution : 12 Février 2013
Éditeur : Jean-Claude Gawsewitch
Nombre de Pages : 473
Prix : 21,90 €

⌧ SYNOPSIS ⌧

Helen est une femme meurtrie depuis la mort de son petit garçon de neuf ans renversé par une voiture. Alors qu’elle semble avoir trouvé un certain équilibre grâce à son remariage avec Philip et à l’annonce des noces prochaines de son second fils, Rob, c’est sa fille qui l’inquiète. Lydia qui, de toute sa vie, n’a jamais dit ‘je t’aime’ à sa mère ni prononcé le mot ‘Maman’, veut entamer une retraite spirituelle au Sri Lanka, un pays en proie à la guerre civile. Helen est consternée et l’incompréhension entre sa fille et elle semble vouée à s’éterniser. C’est alors que l’on trouve un cancer du sein à Helen. Sa famille va-t-elle la soutenir comme il se doit ? Alors que Lydia décide de partir malgré les circonstances, la sœur d’Helen débarque avec un chaton siamois : Jonah. C’est une forte tête qui n’aura de cesse d’aider Helen à surmonter sa maladie et le reste…

⌧ CHRONIQUE ⌧

Ce témoignage fait suite à « Cléo et Sam », où l’auteure Helen Brown raconte comment elle a perdu son fils de neuf ans et comment une petite chatte noire les a aidés, elle et son fils, à retrouver goût à la vie.

Dans ce livre, Rob est maintenant adulte et sur le point de se marier, mais l’accent est surtout mis sur sa fille Lydia avec qui Helen entretient une relation assez conflictuelle. Les affrontements verbaux sont rares ; Lydia se coupe de plus en plus de notre monde occidental pour se tourner vers la voie du bouddhisme, au grand dépit de sa famille.

Le début m’a laissée un peu dubitative. Entre l’achat de leur nouvelle maison et sa volonté de diriger la vie de sa fille tout en affirmant la laisser libre de ses choix, j’ai à plusieurs reprises trouvé Helen très centrée sur elle-même. Et quand elle découvre le cancer qui loge en son sein, elle devient même ouvertement agressive. Je l’ai vue utiliser le mot « abrutis » en parlant de son mari et de ses filles, simplement parce qu’elle s’était jusque là cantonnée dans son rôle de mère et femme au foyer. Son mari Philip ne lui a jamais rien interdit, il semble même être d’un soutien inébranlable, et pourtant, la violence des mots et des ressentis est là… La plume de l’auteure est agréable, mais « dérape » par moment comme lorsqu’elle parle de « nichons » ou nous décrit la couleur de ses selles à l’hôpital. Elle tente de le faire passer avec une touche d’humour, mais je voyais plus de ressentiments que d’amusement derrière ses boutades et j’ai commencé à trouver l’ambiance du livre assez lourde. Je pense que développer les problèmes relationnels à l’origine du fait que Lydia l’a toujours appelée par son prénom aurait, par exemple, été beaucoup plus porteur que de nous donner ce genre de détails scatologiques.

L’intérêt de ce témoignage reste pourtant réel. Sa lutte contre la maladie décrit bien les peurs et les attentes des femmes qui doivent se résoudre à la mastectomie, les douleurs physiques de l’opération et de la reconstruction qui suit. Une fois passée la phase « chantage affectif » pour forcer Lydia à obéir à sa volonté, l’expérience de cette femme ayant beaucoup subi – que ce soit dans son premier ou son second roman – devient très enrichissante. On la voit grandir, retenir les leçons, apprécier la vie telle qu’elle l’aurait voulu au lieu de telle qu’elle se l’était plus ou moins imposée. Ses choix de vocabulaire et les thèmes abordés deviennent de plus en plus positifs et constructifs, on voit une réelle évolution, un vrai cheminement moral et mental s’opérer en elle. C’est cet aspect que je préfère donc retenir pour cette lecture. Une chaîne de solidarité et d’amour se met en place, les gens sont là, qu’Helen le demande ou non, et à partir du moment où elle va arrêter de se laisser abattre par les épreuves, la vie va lui sourire de la plus belle des façons.

Le petit chat Jonah qu’elle a adopté sur un coup de tête peu de temps après sa mastectomie lui causera également bien des soucis. Il reflète malheureusement bon nombre des problèmes au cœur des animaleries, des problèmes dont peu de gens sont conscients (usines à chatons, consanguinité, absence de papiers pour prouver une lignée stable dans le corps et dans l’esprit,…). Jonah se comporte souvent comme un despote, il n’a de cesse de vouloir tout diriger, de faire obéir toute la famille. Le moindre changement dans son environnement entraîne des réactions cataclysmiques, mais il reste pourtant si attachant ! Il a une chance inouïe d’avoir été recueilli par les Brown, qui ont tenu bon jusqu’au bout, malgré l’épuisement et le découragement. Jonah est loin, très loin, de la calme Cléo, mais il est un membre à part entière de la famille et ils l’assumeront jusqu’au bout. C’est donc aussi une belle leçon de vie à ce niveau : l’adoption d’un animal doit être longuement mûrie et il vaut mieux s’informer avant de sauter le pas. Ce n’est pas un jouet, mais un être vivant, avec des sentiments, qui souffre quand on l’abandonne.

En conclusion, même si j’ai éprouvé quelques difficultés en début de lecture, de par ma différence de caractère et de positionnement avec l’auteure & héroïne de ce roman, je ne me permets nullement de la juger ou de lui faire la morale. Son parcours a été jalonné de terribles épreuves et la voir évoluer du néant vers l’accomplissement constitue une très belle expérience. Entre deux achats compulsifs, une terrible opération, un mariage romantique, l’avenir incertain de l’une de ses filles, un chat infernal, des voyages à l’étranger (j’ai adoré les chapitres situés au Sri-Lanka ; on s’y serait vraiment cru !), une succession de travaux de reconstruction dans sa maison et sur son propre corps, on ne peut qu’applaudir le courage de cette femme qui a su non seulement trouver la force de s’en sortir, mais en plus de s’exposer au regard des autres en relatant tout cela dans un livre édité à travers le monde entier.

⌧ REPORTAGE « 30 MILLIONS D’AMIS » sur Jonah & Cléo ⌧

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