Silo, T1 — Hugh Howey

⌧ FICHE TECHNIQUE ⌧

● Titre français : Silo, Tome 1
Titre original : Silo • Wool
Auteur : Hugh HOWEY
Date de Parution : 28 Septembre 2013
Éditeur : Actes Sud
Nombre de Pages : 558
Prix : 23 €

⌧ SYNOPSIS ⌧

Dans un futur post-apocalyptique indéterminé, une communauté d’hommes et de femmes a organisé sa survie dans un silo souterrain géant. Du monde extérieur, devenu hostile, personne ne sait rien, sinon que l’atmosphère y est désormais irrespirable. Les images de mauvaise qualité relayées par d’antiques caméras, montrant un paysage de ruines et de dévastation balayé de vents violents et de noirs nuages, ne semblent laisser aucune place à l’illusion. Pourtant, certains continuent d’espérer. Ces individus, dont l’optimisme pourrait s’avérer contagieux, représentent un danger potentiel. Leur punition est simple. Ils se voient accorder cela même à quoi ils aspirent : sortir.

⌧ CHRONIQUE ⌧

Dès les tout premiers chapitres, le lecteur se prend une claque magistrale : l’auteur nous apparaît aussi implacable que l’univers qu’il a imaginé. Un univers post-apocalyptique dont l’atmosphère est saturée de toxines mortelles en quelques minutes, forçant les survivants à se réfugier dans un gigantesque silo souterrain. Quelques siècles plus tard, la société mise en place semble bien rodée… mais elle ne l’est en fait qu’en surface.

Un sévère contrôle des naissances régule la population du silo pour s’assurer de pouvoir subvenir aux besoins de tout un chacun. Les couples doivent attendre un décès pour participer à la loterie, le seul moyen possible d’avoir un jour des enfants. Ajoutez à cela une organisation très hiérarchisée et inégalitaire, où les habitants des premiers étages, plutôt administratifs, regardent de haut – au sens propre comme au figuré – les ouvriers plus manuels, qui s’occupent par exemple des cultures hydroponiques ou de l’entretien des machines leur assurant eau, électricité et oxygène. 144 étages s’enroulent autour d’un escalier unique. Les moyens de communication directe sont réservés à une petite élite. Pour les autres, il faut y aller à la force des jambes et des poumons, ou engager un porteur.

Chacun évolue dans sa propre sphère et ne s’en éloigne que rarement. L’une des rares exceptions à ce mode de vie reste le nettoyage. Il correspond au bannissement d’un membre de la communauté. Pour expier ses crimes, le banni est censé nettoyer les capteurs du silo qui offrent une vue sur le monde, aussi désolante soit-elle. Personne ne sait vraiment pourquoi, mais les condamnés se sont toujours exécutés, avant de mourir quelques instants plus tard dans cet extérieur hautement toxique. La coutume veut alors que les habitants remontent tout en haut du silo pour admirer le paysage rendu plus net par le sacrifice de l’un des leurs.

Jusqu’au jour où des gens demandent eux-mêmes à sortir, sans avoir commis le moindre crime. L’incompréhension grandit et les drames s’enchaînent. Les dirigeants craignent une nouvelle insurrection, un événement déjà survenu dans un lointain passé mais que tous redoutent encore. Face à des décisions de plus en plus arbitraires, des consciences vont émerger, et dans un environnement clos, les idées sont contagieuses et les rumeurs encore plus promptes à se répandre.

Au fur et à mesure que la situation dégénère dans le silo, et où on en vient – métaphoriquement parlant – à brûler des champs entiers pour arracher une seule mauvaise herbe, Hugh Howey nous dévoile des pans de vérité et nous permet de mieux appréhender la réalité de ses personnages. Ces derniers doivent alors faire un choix entre ce que leur conscience leur dicte et ce que l’on attend d’eux.

On retrouve dans ce roman les ingrédients habituels d’un régime totalitaire : stratification de la population, censure, abus de pouvoir, manipulation par la peur, assassinats sous couvert du bien de la majorité, magouilles électorales,… Tout y est, et la recette prend merveilleusement bien ! Le suspense est présent d’un bout à l’autre du livre et le dénouement reste inattendu jusqu’aux derniers chapitres. Le roman est assez dense en nombre de pages, mais il m’était réellement difficile de faire des pauses. À chaque fois, je me dictais le traditionnel : « encore un chapitre et j’arrête ». À chaque fois, mon œil captait un mot, une bribe de dialogue au moment de placer mon marque-page et c’était reparti pour un tour ! Cette lecture m’a complètement happée et l’ambiance est telle qu’aucun personnage n’est jamais à l’abri. On se demande jusqu’au bout qui va tenir le coup, qui va mal tourner, qui va tomber devant la grande faucheuse. Les renversements de situation sont nombreux et captivent encore d’avantage.

Hugh Howey a un sens incontestable de la mise en scène, et dans un univers pourtant géographiquement très restreint, il m’a donné l’impression de voyager à n’en plus finir ! Je comprends mieux l’engouement des lecteurs grâce à qui l’auteur nous offre ce superbe omnibus… le premier d’une trilogie à venir.

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