Blood Song, T1 — Anthony Ryan

⌧ FICHE TECHNIQUE ⌧

Titre français : Blood Song [ Tome 1 ] La Voix du Sang
Titre original : Raven’s Shadow [ Book 1 ] Blood Song
Auteur : Anthony RYAN
Date de Parution : 18 Juin 2014
Éditeur : Bragelonne
Nombre de Pages : 665
Prix : 23 €

⌧ SYNOPSIS ⌧

Vaelin n’a que dix ans quand son père, le Seigneur de Guerre du roi, l’abandonne au pied de la grille d’entrée du Sixième Ordre. Cette commanderie éduque les frères qui sont de toutes les batailles. Vaelin y découvrira la vie austère, solitaire et dangereuse d’un combattant de la Foi, qui n’a désormais plus d’autre famille que l’Ordre. S’il voue une haine farouche à son père, cet homme qui l’a dépossédé de son droit de naissance, et chérit le souvenir de sa mère, Vaelin apprendra au gré de son noviciat que les apparences peuvent s’avérer trompeuses. De révélations en révélations, une seule vérité se fait jour : Vaelin Al Sorna est promis à un grand destin. Un destin qui risque fort de bouleverser le Royaume et, par-delà, le monde.

⌧ CHRONIQUE ⌧

Son père – le Seigneur de Guerre – étant souvent en campagne pour le roi Janus, Vaelin se sent bien plus proche de sa mère. Malheureusement, cette dernière tombe malade et l’univers du petit garçon bascule du jour au lendemain, quand son père le dépose devant les portes de la Loge sous couvert d’une promenade à cheval. Face au sombre avenir qui l’attend en tant que Frère du Sixième Ordre et face à la rigueur des enseignements qui lui sont dispensés par l’Aspect Arlyn et ses nombreux (et brutaux) professeurs, Vaelin n’en haït son père que plus encore.

Le temps passe et Vaelin tient bon. Il partage un dortoir avec d’autres garçons eux aussi abandonnés par leurs parents. Par manque d’argent, par ambition politique ou par volonté de sauvegarder la sécurité du Royaume Unifié… les raisons d’un tel geste sont légions. Malgré quelques tensions dues à leurs origines variées et à leurs différents caractères, Vaelin devient amis avec le reste de sa chambrée et trouve en eux un soutien inconditionnel et indéfectible. Ils constituent à ses yeux sa nouvelle famille. Techniques de survie, combats à l’épée, à l’arc, cours d’équitation,… Tout est planifié pour en faire de parfaits petits soldats. Régulièrement, des examens viennent ponctuer leur parcours d’apprentis, des épreuves dont beaucoup ne reviennent pas.

La vie de Vaelin est jalonnée de nombreux obstacles. De mystérieux rôdeurs tentent de l’assassiner à la première occasion et le font s’interroger sur les raisons de l’abandon de son père. Au sein de l’Ordre, il en apprend également chaque jour un peu plus sur la Foi, seule religion reconnue par le roi Janus et ses prédécesseurs. D’autres incidents viennent fragiliser la paix d’un pays autrefois divisé en quatre fiefs, mais tous semblent décider à ignorer le danger grondant à l’horizon. Mais au fur et à mesure qu’il grandit, les interrogations de Vaelin se précisent et tenace comme on lui a appris à être, il parvient malgré tout à obtenir quelques réponses.

L’insouciance d’une enfance paisible l’a quitté plus tôt que prévu et il est contraint par la force des événements d’observer le monde à travers des yeux d’adulte. Un monde où il semble normal de dresser des enfants de dix ans au combat, où il est courant de trahir un ancien allié pour asseoir son pouvoir, où les peuples croyant en d’autres déités sont perçus comme inférieurs et voués soit à se soumettre soit à périr. Un monde où la magie de la Ténèbre est dévoyée ; le Royaume Unifié nie son existence et traque les apostats.

L’Épreuve de l’Épée conclut la formation de Vaelin et de ses camarades. Entre complots à la Cour et trahisons à foison, ses Frères et lui doivent se montrer plus solidaires et vigilants que jamais. C’est là qu’une intrigue déjà riche en actions se complexifie et nous fait toucher du bout du doigt une trame à long terme, au cœur de laquelle navigue Vaelin. Sa réputation n’est plus à faire et n’est pas seulement due au rang de son père. Aussi habile à l’épée que curieux et vif d’esprit, il se retrouve embarqué dans une guerre impossible avec l’Empire Alpiran par-delà la mer Érinée, un conflit dont il finit prisonnier comme annoncé dès le début de ce premier tome.

« La Voix du Sang » se présente surtout sous la forme d’un gigantesque flashback et nous explique progressivement comment un enfant innocent se retrouve en pareille posture une fois adulte. Au gré des aventures de Vaelin, on se demande s’il va tenir bon, s’il ne va pas céder à la facilité et vendre son âme à la mauvaise cause. On se réjouit avec lui de sa rencontre avec Frentis, un gamin qu’il va tirer de la rue bien malgré lui. On le voit garder ses propres valeurs, sa dignité, malgré l’adversité et le sombre climat de l’époque. Vaelin s’offusque, accepte, se révolte, négocie, combat, blesse et est blessé tour à tour. Son parcours semble soumis à une terrible tempête, qui pourrait bien finir par toucher le monde tel qu’il le connaît. Des amitiés sont gagnées, d’autres perdues, certaines encore ont un pied de chaque côté de la barrière.

Vaelin est tiraillé entre devoir et justice, valeurs personnelles et enseignements. Son côté « tout puissant » pourrait en agacer certains, mais son personnage est toujours resté très attachant à mes yeux – notamment à travers ses prises de conscience et ses remises en question. Il est victime d’un destin dont il ignore la direction exacte et qui en fait son prisonnier.

Ce premier tome repose sur les grands classiques de la fantasy : un garçon aux nobles origines arraché à son environnement familial, puis soumis à un rude parcours. Plusieurs mentors pour le guider dans la vie comme dans sa formation paramilitaire. De nombreuses victoires, parfois spectaculaires, viennent asseoir sa renommée et soulèvent l’intérêt du roi pour le jeune héros. Des récits de guerre, de magie, de fraternité et d’adversité s’entremêlent et esquissent de temps à autres l’ombre d’une ancienne prophétie.

Cette lecture s’est révélée dense et intense. Elle est toutefois agrémentée de quelques répliques et passages amusants (Écume, le cheval acariâtre, et Balafre, le molosse se prenant tantôt pour un loup tantôt pour un agneau, valent à eux seuls le détour), comme autant d’anecdotes venues accorder un rayon de soleil aux lecteurs pour ensuite mieux le plonger dans les affres d’un univers de plus en plus sombre.

Malgré ces ingrédients très traditionnels, Anthony Ryan parvient à tirer son épingle du jeu. Je déplore simplement l’absence de calendrier, car si les cartes nous permettent de bien nous situer dans un monde où certains contrées portent des nom assez similaires, ceux inventés pour désigner les mois de l’année empêchent bien souvent de situer de l’action et de savoir avec précision dans quelle saison est plongé le héros. L’histoire de Vaelin se révèle néanmoins passionnante et la fin de ce premier tome ne fait que sceller un pan de sa vie. Des questions trouvent leurs réponses, mais beaucoup ne font qu’en soulever de nouvelles. D’étonnantes révélations sont données dans les derniers chapitres et m’ont fait craindre le pire. Je ne peux maintenant que m’interroger sur l’avenir de Vaelin, sur le rôle qu’il sera amené à jouer en suivant la voix de son sang, sur les derniers mensonges tapis derrière la Foi. Pourra-t-il réellement rester lui-même après avoir vécu tant de drames ?

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