Un Nouveau Jour, de Sarah Rayner

⌧ FICHE TECHNIQUE ⌧

Titre français : Un Nouveau Jour
Titre original : Another Night, Another Day
Auteur : Sarah RAYNER
Date de Parution : 19 Février 2015
Éditeur : Michel Lafon
Nombre de Pages : 415
Prix : 17,95 €

⌧ SYNOPSIS ⌧

Karen, veuve depuis peu et mère de deux jeunes enfants, doit surmonter la mort de son père. Abby, épuisée par le quotidien auprès de son fils autiste, est en instance de divorce. Michael, fleuriste, a été contraint de déposer le bilan.
Leurs trois destins se croisent quand, à bout de souffle, ils se réfugient derrière les portes d’une clinique psychiatrique de Brighton.
Là-bas, grâce aux groupes de parole et aux liens noués avec d’autres pensionnaires, ils reprennent pied dans l’existence et retrouvent le goût des plaisirs de la vie. Mais comment préserver cet équilibre quand la vie est si imprévisible ?

⌧ CHRONIQUE ⌧

Le premier chapitre est très court et nous présente un drame à venir sans que l’on sache qui est directement concerné. Sarah Rayner revient alors en arrière pour nous présenter ses trois personnages principaux. Karen fait tant bien que mal le deuil de son époux, soutenue par ses amies et par sa mère. C’est une jeune femme calme et discrète, qui a la fâcheuse manie de toujours faire passer les besoins des autres avant les siens. Elle est aussi présente dans la vie de ses enfants qu’Abby, qui est dans une situation encore moins enviable. Callum, son fils de sept ans, souffre d’autisme et lui demande une attention de tous les instants. La jeune femme court du matin au soir, d’autant plus que son mari a démissionné de son double rôle de père et d’époux il y a plusieurs années de cela. Abby et Glenn sont désormais sur le point de vendre leur maison et divorcer. Quant à Michael, ancien punk reconverti en fleuriste, il est en train de tout perdre à cause de son commerce. Il a fait des pieds et des mains pour sauver son affaire mais n’a pu que retarder l’échéance. Tristesse, surmenage, colère… trois sentiments dévastateurs qui vont les mener en un même lieu : la clinique de Moreland’s Place.

Sarah Rayner traite leur descente aux enfers avec pudeur. Elle amorce prudemment les complications, à la façon de gouttes tombant dans un vase déjà bien rempli. Le débordement en lui-même sera évoqué par petites touches après un saut temporel d’une quinzaine de jours entre deux parties du roman. J’ai beaucoup apprécié ce fait, comme si l’auteur cherchait à respecter la vie privée de ses personnages, le temps qu’ils comprennent qu’il leur fallait en parler par eux-mêmes pour sortir la tête hors de l’eau. Karen, Abby et Michael n’avanceront pas au même rythme sur le chemin de la guérison pour la simple et bonne raison qu’ils n’abordent pas la thérapie de la même façon – volontaire, hésitante ou réfractaire. Ils font également connaissance avec d’autres patients de la clinique et tous se révèlent très attachants en dépit de leurs problématiques.

Ce roman m’a particulièrement affectée car j’ai moi même traversé une grave dépression. Suite à une mauvaise prise en charge dans le secteur public, j’ai connu plusieurs rechutes et ai culpabilisé à cause de cela, mais aussi à cause du regard porté par mon entourage sur cette maladie. Les crises d’angoisse d’Abby, les doutes et la colère de Michael, le chagrin mêlé d’espoir de Karen,… je me suis retrouvée en chacun d’eux, même si je suis aujourd’hui bien remise. J’ai apprécié le fait que l’auteur aborde justement le fossé séparant le secteur privé du secteur public, né des problèmes de financement et de mutuelle santé. Elle démontre que le lieu de prise en charge peut constituer un atout majeur dans la reconstruction de soi. Le système des hôpitaux psy anglais semble énormément se rapprocher du nôtre, avec ses bons et ses mauvais côtés. Dans ce roman, Sarah Rayner lutte contre les préjugés et expose des idées-clés, qui pourraient peut-être même aider des personnes traversant une mauvaise passe à y voir plus clair. Elle allie parfaitement le côté fictif et documentaire de son histoire. Le ton est pertinent, humain, empreint de compassion et réaliste.

Il n’y a cependant pas besoin d’être personnellement concerné pour apprécier ce roman. L’intrigue est très bien bâtie et non dénuée de tout suspense. On a envie de savoir qui va s’en sortir et comment, alors même que notre esprit revient régulièrement vers ce terrible premier chapitre. L’incertitude qu’il fait naître en nous nous fait redouter le pire pour chaque personnage que l’on croise dans les couloirs de la clinique.

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