Enterrement d’une vie de cancre — Hervé Mestron

⌧ FICHE TECHNIQUE ⌧

● Titre : Enterrement d’une vie de cancre
Auteur : Hervé MESTRON
Date de Parution : 07 Juin 2012
Éditeur : Syros – Tempo+
Nombre de Pages : 105
Prix : 6,30 €

⌧ SYNOPSIS ⌧

Bruno est le cancre de la classe, le vrai, et fier de l’être. Jusqu’à ce que Madeline, une nouvelle élève mystérieuse, s’installe à côté de lui au dernier rang. Que cache donc cette jeune fille étrange, si sûre d’elle et cultivée, austère mais pourtant très lookée ? Obnubilé par cette question qui donne un sens inattendu à sa vie, Bruno oublie du jour au lendemain le rôle du guignol qui lui allait comme un gant.

⌧ CHRONIQUE ⌧

Intrigue ∎∎∎ Rythme ∎∎∎∎ Créativité ∎∎∎
Écriture ∎∎ Personnages ∎∎∎ Sentiments ∎∎∎

Bien que je ne sache pas trop si je devais m’attendre à un condensé d’humour ou à une réelle réflexion autour des ZEP (Zone d’Éducation Prioritaire), le synopsis de ce roman « jeunesse » m’interpellait. Mais au final, j’en ressors assez mitigée.

De mon point de vue, le format très court nuit à l’intrigue. Tout va bien trop vite et – sans vouloir me montrer fataliste – on a du mal à croire qu’un cancre aussi endurci que Bruno puisse si vite changer de direction dans la vie. Une page, il adore sa vie de glandu, comme il se définit lui-même. La suivante, Madeline une nouvelle élève entre en scène et malgré ses bizarreries, Bruno ne voit plus qu’elle. Mieux encore, tout le reste du lycée se tait. Pas de vannes sur le look incohérent de la jeune fille, pas de curiosité pour savoir d’où elle vient,…En quelques secondes, elle impose le respect à toute une bande de caïds des cités. Ça me paraît assez improbable.

citationJ’ai zoné au centre commercial, il y avait de la musique et des gens comme moi qui s’emmerdaient, qui achetaient rien et qui se promenaient dans les galeries uniquement pour passer le temps. Ils aiment pas ça les vigiles, les mecs qui traînent sans un rond dans la poche. C’est pas le fait qu’on soit pauvres qui les inquiète, c’est le fait qu’on s’emmerde. Et que du coup on cogite aux conneries qu’on pourrait orchestrer. Mais c’est pas mon genre. D’abord j’aime pas l’action, j’aime pas courir, j’aime pas les embrouilles tout court. […] Moi, mes parents ils viennent plus ici parce que leur carte bleue elle passe plus à la caisse. Tant mieux, comme ça on se voit pas de la journée et je dis que j’ai été à l’étude, tant que c’est gratos, ils s’en foutent.

L’autre point noir que j’ai trouvé à ce roman, c’est l’écriture. L’auteur a opté pour un style totalement immersif et a ainsi laissé la parole à Bruno. Pendant une centaine de pages, on est ballottés de grossièretés en absence de négations dans un langage qui se veut « djeuns ». Mais on se retrouve aussi avec tout un lot de subordonnées qui rendent le texte d’autant plus mécanique et indigeste que la ponctuation est souvent erratique. Je ne pense pas non plus me montrer condescendante envers les gens issus de milieu modeste en affirmant que l’emploi d’expressions comme moderato cantabile (page 44) reste très peu plausible quand elles sortent de la bouche d’un garçon comme Bruno.

L’auteur aborde tout de même des thèmes forts pour faire réfléchir ses lecteurs. Il nous parle de premier amour, de tolérance, de handicap, d’inégalité sociale, mais aussi de la difficulté à trouver sa place dans la société et de celle de vouloir changer d’étiquette. Il tend à dénoncer un système scolaire qui formate de plus en plus ses élèves tout en soulignant que l’éducation doit être considérée comme un droit et non comme un privilège. Malheureusement, il est difficile de caractériser correctement ses personnages et de mettre en valeur tant de messages différents en si peu de pages. L’ensemble paraît brouillon et survolé ; il y a comme un goût de trop peu qui s’en dégage même si certains passages restent amusants et/ou pertinents (comme par exemple l’envoi du mail à M. Patachon).

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