De l’or au bout du chemin – Pascale PERRIER

PRÉSENTATION DU LIVRE

⌧ CARACTÉRISTIQUES ⌧
Titre : De l’or au bout du chemin
Autrice : Pascale PERRIER
Éditeur : Scrineo
Parution : 31 Août 2023
Pagination : 192
Prix : 12,90 €
★ Jeunesse ★

« Chère maman, Depuis que tu n’es plus là, tout va mal. Tu ne sais pas la dernière ? Papa a démissionné ! Il a décidé que nous partirions en Australie pour chercher de l’or ! Sans me demander mon avis ! Quitter la France en pleine année scolaire, abandonner la maison ? Je n’en ai aucune envie ! Si seulement tu étais encore avec nous… »

C’est le début d’un incroyable voyage dans l’Outback australien, loin de tout ce que Kim et son père connaissent. À bord de leur van, ils parcourent le désert, détecteur de métaux en main. Trouveront-ils de l’or au bout du chemin ? Ou un trésor plus précieux ?

EXTRAIT

CHRONIQUE

L’année scolaire n’est même pas finie et voilà que tout à coup, le père de Kim – aujourd’hui veuf – décide de sortir de sa longue torpeur sans crier gare. Adieu copines de classe, maison hantée par des souvenirs doux-amers, et bye bye le soutien des grands-parents ! Kim est embarquée en avion contre son gré sur les traces des chercheurs d’or. À bord d’un van aménagé, père et fille vont parcourir la terre rouge de l’Australie Occidentale, à la recherche des précieuses pépites, seulement armés de leur chagrin et d’un détecteur de métaux. Mais à la recherche, surtout, d’une manière harmonieuse d’exister sans celle qui les a quittés.

Pascale Perrier aborde le thème du deuil avec justesse, à travers le spectre de différents personnages. Enlisé dans cette absence qui le dévore de l’intérieur, le papa de Kim oscille entre dépression et résignation. Il s’est réfugié dans le travail, jusqu’à en laisser de côté sa fille, aussi perdue qu’il ne l’est, jusqu’à l’électrochoc qui lui fait comprendre qu’il ne peut plus continuer comme ça, quitte à prendre des décisions abracadabrantesques aux yeux des siens. Quant à Kim, elle n’essaie même pas de maquiller sa peine. Elle traverse son quotidien parfois rongée de colère, parfois de tristesse. Elle marchande avec son père, avec une touche de déni chaque fois qu’elle rédige une lettre à sa défunte mère pour lui raconter ce qui leur arrive depuis son départ. Père et fille avancent d’un pas pour reculer de deux, le chemin est chaotique et leur équilibre fragile. Ils ne se sentent pas prêts à tourner la page en dépit de cette société qui les pousse à boucler prématurément les sept étapes de la reconstruction de soi, comme le prouvent par exemple les réflexions récurrentes de Marina, l’amie de Kim, qui ne cesse de lui rappeler son air lugubre et son manque de volonté. Comme si le deuil avait jamais une date d’expiration. Cette façon d’invalider les ressentis de sa meilleure amie m’a paru assez violente, même si l’âge et le conditionnement peuvent facilement l’expliquer, ainsi que la nécessité de dérouler la suite de l’histoire.

Au fil de leur road-trip, Kim et son père vont faire des rencontres fortuites, plus ou moins heureuses. En dépit de la solitude écrasante dans ces terres désolées, c’est bien l’humain qui est au cœur de tout. Et l’une de ces rencontres pourrait d’ailleurs bien chambouler un peu plus encore l’existence de cette pré-adolescente, larguée entre un papa qui déraille, une chaleur implacable, de la nourriture étrange et une langue qu’elle ne maîtrise pas. En parlant de ça, je trouve que Kim maîtrise tout de même l’Anglais très rapidement. Trop. Même si la jeune collégienne a encore des moments d’incompréhension, ce n’est pas en un été, isolée de toute civilisation, qu’on passe de quelques mots de vocabulaire à la fluence. Le plus gros point noir, selon moi, reste cependant la réaction des rangers vers la fin du roman. [SPOILER POTENTIEL] Comment ont-ils pu laisser les enfants mariner pendant tout le trajet, dans un mélange de terreur et de désespoir sur la banquette arrière, alors qu’une simple phrase aurait suffi à les rassurer ? Je me doute qu’il s’agissait d’entretenir le suspense, mais ça m’a paru tout bonnement inconcevable (et cruel) de prendre un tel raccourci.

S’il est vrai que j’ai clairement préféré mon autre lecture de Pascale Perrier, « Juke Vox », un road-trip à pieds en France, j’ai pris plaisir à lire les quelques deux-cents pages de ce roman malgré les points soulevés, qui ne dérangeront pas forcément le public-cible, d’ailleurs. Un format court qui implique que l’on survole certains aspects de l’intrigue que l’on aurait aimé voir plus développés. L’autrice dépeint le tâtonnement des personnes empêtrées dans une vie qu’ils ne reconnaissent plus, leurs essais plus ou moins fructueux pour trouver la lumière au bout du tunnel, leurs maladresses, leurs émotions qui sortent un peu n’importe comment, leurs décisions impulsives et leurs moments d’incompréhension. C’est touchant. J’ai aussi eu grand plaisir à en apprendre davantage sur l’Australie (j’en redemande volontiers !), sa géographie, ses points touristiques, sa Vegemite et son fromage sans goût qui m’a rappelé mon désarroi l’année où j’ai vécu au Québec et fait le même constat. J’en ai ri !

* * * * *

Pour la petite note, ce roman a été conçu via le principe du Feuilleton des Incos, que je trouve on ne peut plus intéressant et éducatif. Je reprends ci-dessous leurs mots et vous invite à visiter leur site web pour en apprendre davantage sur cette forme d’écriture communautaire :

« Créé par l'association des Incorruptibles, Le Feuilleton des Incos met en lien des auteurs et des classes ou groupes de lecteurs. Il s’agit d’une animation encadrée par un adulte enseignant, bibliothécaire ou animateur de centre de loisirs, dont le but est de permettre aux enfants de découvrir les coulisses de la création d’un livre grâce à un système de correspondance avec un auteur et d'une lecture par épisodes d'un roman en cours d'écriture. » [ Pour plus d'infos, cliquez ici ]

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